Interview
réalisée après le premier concert du
Tour 1996 à
Toulon et publiée le jour du premier concert parisien
à Bercy.
L'intégralité de
cette interview sera
publiée dans "Ciné Télé
Revue".
Le Parisien : Votre
nouveau show
est très spectaculaire...
Mylène Farmer : Je crois que je n'éprouverais pas
de réel plaisir
à être seulement derrière un micro. Mes
envies de
scène passent par ce goût du show à
l'américaine, de "performance", de polyvalence.
Une performance qui
requiert une sacrée condition physique. Vous la cultivez ?
J'ai fait appel à un préparateur physique,
Hervé Lewis qui m'a surtout entraînée
à l'endurance. Un peu de course à pied, de
musculation, des massages et un régime alimentaire
à base
de sucres lents.
On vous dit
végétarienne ?
Je ne mange pas de viande, mais plus par goût que par
convictions diététiques ou morales.
Qu'est-ce qui vous
a décidée à revenir sur
scène ?
Mon nouveau disque, le sentiment d'avoir fait le plein de sang neuf et
la longueur de ces années sans le public.
Votre prestation
semble plus généreuse, chaleureuse et optimiste,
sensuelle aussi, qu'avant...
J'ai un peu changé de peau, je vous l'accorde volontiers.
A quoi dont-on
cette évolution ?
Je me méfie du mot évolution. Je lui
préfère épanouissement. Depuis mon
dernier disque,
j'ai passé quatre ans à
réfléchir,
à me détacher de certaines choses, à
ne
m'attacher qu'au moment présent, à
m'oublier au profit de l'autre, des autres.
Voilà
enfin cette sérénité qui, jadis,
n'était pas votre fort ?
La sérénité, je ne l'ai pas atteinte.
J'ai
encore trop de chaînons manquants et je crains que le doute
soit
mon éternel compagnon de route. Mais, aujourd'hui, je
remplacerais bien le cynisme par l'humour. J'ai acquis des
certitudes comme celle du partage et je suis heureuse de terminer mon
spectacle par un morceau d'espoir.
Qu'avez-vous
pensé des gens du métier qui vous disaient
"finie" ?
Les gens du métier, je ne les vois pas. Mon disque marche
très bien. Tant mieux.
Pensez-vous que
l'image qu'on a de vous est juste ?
Il y a fatalement des erreurs. Ne serait-ce que parce que le
succès vous fige dans l'instant et parce que toute vision
partielle est frustrante. Mais il ne faut pas trop s'attarder sur
soi. Je communique avec les gens, je les ressens et je crois
qu'au sortir de scène, je suis heureuse.
Qu'est-ce qu'on ne
sait pas de vous ?
Que je ne sais pas du tout cuisiner. (Rire.)
A trente-cinq ans
dans quelques mois, nettement mieux dans votre peau, n'aimeriez-vous
pas devenir maman ?
C'est vrai que la prolongation de moi m'est devenue
tolérable.
Aujourd'hui, effectivement, je crois que j'aimerais avoir un enfant.