Numéros
1 : Quelles sont tes espérances avec ce deuxième
45 tours ? Mylène
Farmer : Mes espérances, c'est de créer un style,
le style Mylène Farmer, mais c'est un travail de longue
haleine. Avec mon nouveau titre je pense aller dans ce sens.
Numéros 1 : Maman
a tort a eu
diverses interprétations, peux-tu
m'en parler ? Mylène
Farmer : C'est vrai, et je trouve ça assez extraordinaire
pour une même chanson. Je pense que les plus jeunes ont
aimé le côté comptine et qu'ils ont
utilisé un peu comme un slogan Maman a tort. A
l'opposé, d'autres ont aimé ce titre pour son
côté tabou "j'aime ce qu'on m'interdit, j'aime les
plaisirs impolis". Enfin, j'imagine que certains ont pu encore avoir
une autre interprétation du texte...
Numéros 1 :
Y a-t-il eu des réactions
négatives ? Mylène
Farmer : C'est vrai que Maman
a tort a quand même eu quelques
problèmes. Je ne sais pas si c'est au niveau de la
compréhension, mais le texte a choqué quelques
personnes. Je trouve ça assez stupide d'ailleurs. Jacques
Dutronc dit bien "Merde in France" et tout le monde s'extasie. Moi je
me suis contenté de dire que j'aimais les plaisirs impolis... Numéros 1 : Cette version anglaise de Maman a tort que
tu as enregistrée, que devient-elle ? Mylène
Farmer : On s'en occupe, ou plutôt c'est en cours... Le disque
qui est sorti en France, devrait partir au Canada dans les deux langues.
Il devrait également sortir en Allemagne. Après
je ne sais pas, c'est plus difficile de s'imposer dans les autres pays.
Quant à l'Angleterre et les Etats-Unis, ce n'est
même pas la peine d'y penser ! J'ai entendu quelqu'un dire un
jour que les américains ne nous attendaient pas. C'est
monstrueux de dire ça mais c'est vrai que les
américains ont tout ce qu'il faut. Ils ont un
professionnalisme que les français sont loin d'avoir... Je
trouve qu'il est un peu utopique de vouloir aller dans ces pays, mais
pourquoi pas ? Numéros 1 :
Parle-moi un
peu de ton équipe. Mylène
Farmer : L'équipe se résume à trois
personnes : Jérôme Dahan, Laurent Boutonnat et
moi. Jérôme est dans la musique depuis sa plus
tendre enfance, Laurent est plus orienté vers le
cinéma. C'est intéressant, car, c'est un peu ce
que j'aimerais refléter. Un côté
chanson c'est évident puisque je chante, et un
côté cinéma obtenu par le visuel (ma
façon de bouger, d'interpréter, etc...).
Jérôme et Laurent ont écrit Maman a tort ensemble.
En ce qui concerne le nouveau 45 tours : On est tous des
imbéciles est l'oeuvre de
Jérôme Dahan et la face B, L'annonciation
celle de Laurent Boutonnat.
Numéros 1 : Et toi dans tout ça ? Mylène
Farmer : Moi, je chante (rires...). Pour l'instant, je dis oui ou non,
lorsque l'on me propose une chanson. Je dis pratiquement toujours oui
d'ailleurs, car j'aime bien ce qu'ils font. En studio, j'ai le droit de
lever le doigt et de poser des questions ! Cela dit, c'est vrai qu'en
musique je ne m'y connais pas, je ne peux qu'instinctivement dire que
j'aime ou pas. La partie où j'interviens surtout, c'est dans
l'interprétation des chansons, le visuel pour la
télévision, les galas... Le travail se
fait en équipe et personne n'est tenu à
l'écart...
Numéros 1 : Comment réagis-tu face
au
succès de Maman
a tort ? Mylène
Farmer : Plutôt bien (rires...). Je ne pense pas avoir la
grosse tête, et puis peu importe, c'est le cadet de mes
soucis... Chanter est à la fois un métier
passionnant, mais aussi un métier de dérision.
C'est un peu ce que je dis dans On
est tous des imbéciles. Ce qui est surprenant
par rapport au succès, c'est que du jour au lendemain on est
propulsé, et l'on se retrouve avec une nouvelle image, que
les gens vont venir s'arracher. (Enfin pas pour moi, il ne faut rien
exagérer !). Ils vont te demander des autographes, et le
moindre bout de papier ou de tissu, aura de l'importance. C'est
ça que je trouve quand même drôle et
dérisoire. Personnellement, j'aurais plus d'estime pour un
chercheur en médecine qu'un chanteur. Numéros 1 : As-tu quelques projets ? Mylène
Farmer : Logiquement nous devons faire un clip sur On est tous des
imbéciles, le scénario du clip a
été écrit. Tout est
terminé, il ne manque plus maintenant que le tour de
manivelle et les sous... Obtenir de l'argent devient un gros
problème car, avec ce qui vient de se passer au Midem, les
maisons de diques ne sont plus prêtes à avancer de
grosses sommes d'argent pour la réalisation des clips. C'est
l'avenir du clip qui est en suspens. Dans les semaines à
venir, je vais faire des galas, comme tous mes amis chanteurs...