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Mylène Farmer - Interview - Podium - Septembre 1991



  • Date
    Septembre 1991
  • Média / Presse
    Podium
  • Interview par
    Marc Thirion
  • Fichiers
    Mylène Farmer Presse Podium Septembre 1991  Mylène Farmer Presse Podium Septembre 1991
  • Catégories interviews


Podium : On va donc se balader sur ton album !
Mylène Farmer : C'est un peu ma propre torture d'expliquer comme ça mais on va essayer...


Podium : Commençons par Agnus Dei que l'on peut traduire par Agneau de Dieu...
Mylène Farmer : C'est encore un peu cynique de ma part. Je ne me suis toujours pas débarrassée de toutes ces choses. Par contre au niveau de la production et de la structure de la chanson, c'est assez nouveau pour moi.


Podium : Es-tu très présente lors des séances studios ?
Mylène Farmer :  J'adore suivre de près tout ce qui est production en studio. Je ne m'écarte jamais de la production d'un album.


Podium : Je sais que tu écoutes du classique, mais en dehors de ça, es-tu sensible aux nouveaux mouvements musicaux, je pense au rap par exemple ?
Mylène Farmer : Ça me tape sur les nerfs le rap... Est-ce quelque chose d'important aujourd'hui ? Certainement puisque cela marche si bien mais il est dommage que cela devienne tout et n'importe quoi. Je ne vois pas un groupe que l'on puisse sortir du lot. Non, cela me casse les pieds !


Podium : Venons en à Désenchantée, un mot lourd de signification ?
Mylène Farmer : C'est quelque chose qui m'est familier depuis très longtemps. C'est une perte d'illusion permanente. Pour moi, ce mot est poétique, il est déjà beau comme ça. Il évoque des choses dans la sonorité des syllabes.  Pour le reste je ne peux que répéter la signification du mot : plus d'illusions, plus d'enchantement...


Podium : Des textes ont été plus difficiles à écrire que d'autres ?
Mylène Farmer : Paradoxalement le plus dur à écrire a été le texte du duo avec Jean-Louis Murat. Il est toujours délicat de faire entrer quelqu'un dans son propre univers. Il faut prêter des mots à quelqu'un d'autre, même si on le connaît très bien, c'est une chose compliquée.


Podium : L'autre, la chanson qui donne son titre à l'album ?
Mylène Farmer : Je ne peux pas non plus lui donner de signification très précise. « L'autre » suggère tellement de choses. Cela peut être l'autre moi, l'autre, le compagnon. J'ai pris ce mot pour évoquer beaucoup de choses dont certaines ne sont pas visibles et planent au-dessus de nous. Pour ce qui est de la chanson, elle parle de la présence très volatile de quelqu'un !


Podium : On peut savoir de qui il s'agit ?
Mylène Farmer : C'est quelqu'un en particulier pour moi mais qui n'a pas de nom, qui n'a pas de chair.


Podium : Je t'aime mélancolie, le titre semble très clair !
Mylène Farmer : Il est vrai que cela fait partie de mes thèmes de prédilection. L'état de mélancolie est quelque chose d'aigre-doux. J'ai essayé de développer cette idée... J'aime bien ces états même s'ils sont parfois un peu douloureux. On peut se laisser un peu bercer dans ces états même si cela mène sur les larmes. Mais les larmes, j'aime ça aussi...


Podium : Pas très gai tout cela ?
Mylène Farmer : C'est vrai qu'au regard ne serait-ce que des titres, ce n'est pas très gai... J'ai même l'impression qu'au-delà de tout cela, il y a une sérénité que je n'avais peut-être pas dans l'album précédent.


Podium : Tu as une idée de la façon dont les gens écoutent cet album ?
Mylène Farmer : On n'a pas pensé concept, mais il est évident que quelque chose se dessine au fur et à mesure où l'album s'est fait.


Podium : Psychiatric était déjà présent sur le maxi de A quoi je sers... je crois ? (il s'agit en fait du CD Maxi de Allan, ndlr)
Mylène Farmer : Laurent a complètement développé et refait Psychiatric. La nouvelle version est encore plus clinique (rires).


Podium : Encore un thème très 'Farmer' ?
Mylène Farmer : Oui, c'est un univers qui me fascine... Du moins cette imagerie de la psychiatrie. C'est passionnant parce que bouleversant et incompréhensible.


Podium : Regrets, le nouveau single, le duo avec Murat ?
Mylène Farmer : Là aussi je dirais que je ne marie pas le regret avec déception et ratage. Plutôt ces choses que l'on aurait pu faire mais que l'on décide de ne pas faire... avec tout ce que cela comporte de masochisme et de romantisme aussi !


Podium : Pourquoi Jean-Louis Murat ?
Mylène Farmer : Parce que j'ai l'impression que nous sommes très très proches. J'ai l'impression d'avoir un frère jumeau dans ce métier. J'admire sa façon d'écrire !


Podium : Il a aussi un côté très sauvage ?
Mylène Farmer : Un côté poète et paysan, enfant de la terre qui est tellement loin de moi. Il est vraiment très particulier et unique.


Podium : Tu as écrit la chanson avec l'idée du duo ?
Mylène Farmer : Oui, c'était vraiment un souhait commun. J'ai écrit la chanson en pensant à lui.


Podium :  Pas de doute, le petit sourire de l'album ?t
Mylène Farmer : Cela fait partie du cycle Libertine, Pourvu qu'elles soient douces. Là encore j'ai sûrement certains comptes à régler avec la gente masculine. C'est une façon de ne pas se prendre au sérieux pour la chanson un peu différente du reste de l'album.


Podium : Mais Il n'y a pas d'ailleurs ?
Mylène Farmer : Le titre explique je crois la pensée de la chanson. Oui, ma foi, il n'y a pas d'ailleurs. C'est dur de penser et d'accepter cela. Toute chose naît et meurt et c'est partout pareil ! Tout se termine par la même chose...


Podium : Beyond my control...
Mylène Farmer : C'est une histoire d'amour qui se termine dans le sang... Car c'est plus facile de garder les personnes comme ça (rires).


Podium : Pour finir : Nous souviendrons nous ?
Mylène Farmer : J'ai essayé d'évoquer la vérité des choses et d'être honnête avec moi par rapport à des personnes que j'ai pu rencontrer et avec qui j'ai pu partager des choses. Cela peut être le public et mille autres choses. Là c'est véritablement l'autre !