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Mylène Farmer - Interview - Angeline's - Automne 1996



  • Date
    Automne 1996
  • Média / Presse
    Angeline's (N°10)
  • Interview par
    Mohand Mestiri
  • Fichiers
    Mylène Farmer Presse Angeline's Automne 1996 N°10 Mylène Farmer Presse Angeline's Automne 1996 N°10  Mylène Farmer Presse Angeline's Automne 1996 N°10 Mylène Farmer Presse Angeline's Automne 1996 N°10 Mylène Farmer Presse Angeline's Automne 1996 N°10 Mylène Farmer Presse Angeline's Automne 1996 N°10 Mylène Farmer Presse Angeline's Automne 1996 N°10 Mylène Farmer Presse Angeline's Automne 1996 N°10 Mylène Farmer Presse Angeline's Automne 1996 N°10 Mylène Farmer Presse Angeline's Automne 1996 N°10 Mylène Farmer Presse Angeline's Automne 1996 N°10
  • Catégories interviews



Il est conseillé de lire l'article ci-dessus car il est difficile de retranscrire cette interview parfaitement.



Mohand Mestiri : La musique ?
Mylène Farmer : C'est peut-être un accident. J'écoutais Genesis, les Doors, les Eagles, Bob Marley, Gainsbourg, Dutronc, Barbara, sans y penser plus que ça... Je n'avais qu'une chose en tête quand j'ai arrêté mes études : être actrice. Je me disais que si je ne faisais pas du cinéma, j'en mourrais.


Les désirs contradictoires :
Celui de m'exposer en pleine lumière et celui de me protéger. Je me suis inscrite au cours Florent mais j'avais autant de plaisir à jouer que de déplaisir. Je n'ai pas insisté.


La musique et la rencontre avec Laurent Boutonnat au début des années 80 :
Il parlait peu, comme moi. Comme moi, il avait pris des cours d'acteur. Il avait composé une chanson, Maman a tort. Je correspondais à l'image qu'il se faisait d'une chanteuse... C'est comme ça que la machine s'est mise en marche. J'ai toujours aimé exister à travers le regard de l'autre... Il rêvait de cinéma, à en mourir et de faire un film Giorgino.


L'échec de Giorgino :
Une sanction inhumaine... Ce film, je l'avais attendu dix ans !


La chute lors d'un concert à Lyon :
Je me demande si ce n'était pas une bénédiction... Non, je voulais dire le contraire, une... (malédiction)


Ses silences :
Je préfère être un morceau de savon humide qu'on a du mal à saisir.


Un rêve :
Un rêve est ma seule mémoire d'enfance : un lit immense, des draps blancs. J'y suis blottie en position de fœtus. Devant moi un énorme cordon ombilical, vraiment énorme... Il m'incombe de le couper. Comment ? Avec les dents ? Je ne suis qu'une enfant...


Agir plutôt que subir ?
Ce qui sauve l'homme, l'enfant, la femme, c'est que, se sentant risqué par la nature, il se risque.


J'avais de vous une image d'espièglerie intelligente, saine et décapante. Sous la plume de mes confrères, il est question de morbidité, de voluptés décadentes...
Morbidité, mordre à la vie, Le goût du néant répond à un goût d'absolu... Un dessin animé comme Bambi est coloré de morbidité... C'est vrai que j'ai voulu parler, évoquer le "trouble", la "confusion des sentiments". Je ne me justifie pas. Je ne me résume pas à des chansons, mais à travers elles, libertine, désenchantée, anamorphosée, sans contrefaçon ni logique. J'ai exprimé ce que j'ai réellement ressenti. Oui, je me suis promenée un mouchoir dans le creux de mon pantalon. Oui, qu'on soit des filles de cocktails, des filles rares ou des fleurs de trottoir, qu'on fasse la une des magazines, toutes les filles ont besoin d'amour, d'un amour extra-extra-large.
Naguère, j'ai hanté les cimetières... Il y a toujours quelque chose de fascinant dans le spectacle de la fin, mais le mystère, c'est que la vie ne connaît pas le point final. La fin marque l'aurore d'un monde nouveau, à venir... Maintenant, je suis moins oppressée par la mort. Un, je suis apaisée à l'idée qu'il y ait une vie après. Deux, la notion du "non-attachement" et de "l'impermanence" m'intéresse... Saisir l'instant, accepter les métamorphoses, l'éphémère, le mouvement… On a besoin d'amour mais j'aime les dialogues silencieux, ceux que l'on entretient avec les livres, la poésie. Une présence humaine à ses côtés c'est bien, mais pas suffisant. Après le désenchantement, l'anamorphose, je suis en pleine renaissance.


Anamorphose ? Le "Petit Robert", qui n'est pas infaillible, dit : "Image déformée et grotesque donnée par un miroir courbe".
Un grand angle. Pour moi, ce mot signifie à la fois une perception plus large du monde et un moyen de rassembler toutes ses impressions, toutes ses sensations, en une seule image.


Dans vos chansons et vos clips, la violence est surtout dans la musique et l'image.
Quand la frustration est trop forte, je ne dirais pas violence, mais énergie.


Vous n'avez pas de souvenirs d'enfance, mais avez-vous envisagé d'être mère ?
L'idée de l'adoption me plaît. J'ai toujours été perturbée par la "prolongation de soi", mais maintenant, je peux y penser.


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