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Mylène Farmer - Interview - VSD - 05 décembre 1996



  • Date
    05 décembre 1996
  • Média / Presse
    VSD (N°1006)
  • Interview par
    Olivier Wicker
  • Fichiers
    Mylène Farmer Presse VSD N°1006 Décembre 1996  Mylène Farmer Presse VSD N°1006 Décembre 1996 Mylène Farmer Presse VSD N°1006 Décembre 1996 Mylène Farmer Presse VSD N°1006 Décembre 1996 Mylène Farmer Presse VSD N°1006 Décembre 1996
  • Catégories interviews



Olivier Wicker : Sa personnalité:
Mylène Farmer : Ce mystère, c'est ma nature profonde. C'est la raison pour laquelle je raréfie volontairement mes apparitions publiques.


Sa névrose?
J'ai le sentiment de m'être plus ouverte au monde sur le dernier album (Anamorphosée, ndlr). Mais il est vrai que je ne suis capable que d'envisager mes propres sentiments.


Comment se décrit-elle?
L'ennui est un compagnon de longue date. L'activité n'est pas forcément mon mode de guérison. Je peux rester prostrée chez moi ou bien, si l'envie m'en prend, lire, ou dessiner, ou encore voyager.


Son départ pour Los Angeles puis son retour à Paris:
Mis à part l'exotisme et l'anonymat, vivre à Los Angeles ne solutionne rien. Paris est aujourd'hui une ville dépressive, plombée par une dépression ambiante. Elle dégage des vibrations qui ne m'aident pas.


Un départ pour la province ?
J'ai du mal à envisager une vie à la campagne.


Le bouddhisme:
Il s'agit plus d'une philosophie de la vie. Celle qui vous enseigne qu'il ne faut pas s'attacher de façon négative aux gens ou aux choses. Le bouddhisme est un pansement pour l'âme.


Ses doutes :
Je n'aime pas mon physique, mes doutes. L'amour des autres ne change rien au problème. Quand vous exprimez un mal-être, les personnes qui vous aiment finissent par vous conforter dans ce mal-être.


Ses prestations sur scène devant le public:
Un concert, est un moment choisi, unique. Un moment d'inconscience qui n'appartient à personne d'autre. Une foule anonyme peut être oppressante, car ses réactions sont incompréhensibles. Mais sur scène, je la désire.


Les larmes parfois sur scène:
Cela m'arrive quand un thème me touche particulièrement. J'ai remarqué que l'émotion me submerge plus spécialement sur les morceaux lents.


Le trac:
Chez moi, cela ressemble à des angoisses, à des nœuds. Quand ils sont trop serrés, j'ai envie de tout arrêter.


Qu'a-t-elle aujourd'hui à dire à ceux de ses fans qui la considèrent comme une déesse vivante ?
J'espère qu'ils ont autre chose dans la vie que leur passion pour moi. Pour cette raison, j'ai toujours refusé l'idée d'un fan-club. Je ne réponds pas au courrier, en ce sens que je n'entretiens pas de correspondance. Je renvoie une dédicace à ceux qui me le demandent.


Son refus de parler de sa relation avec ses parents:
Pour les protéger et me protéger.


Son enfance:
 J'ai effacé mes souvenirs parce que ça ne m'intéresse pas. Je préfère aujourd'hui à hier et je refuse de penser au futur. (Je me voyais) plutôt actrice ou chanteuse. Je n'admirais personne. Parfois, quand je sortais du cinéma, je rêvais d'être à la place d'une actrice.


L'échec commercial de Giorgino:
Quand je fais quelque chose, j'envisage toujours la possibilité d'un échec. Même si celui-là fut violent, je n'en souffre plus. (Je ne comprends pas) les raisons de son échec. Depuis, je me pose une question : est-ce que les gens ont envie de voir autre chose de moi que ce qu'ils connaissent déjà ?


La maternité ?
Cette envie d'avoir un enfant est assez récente. Il me semble que cela est presque incontournable pour une femme ! Bien sûr, avoir un enfant nécessite d'avoir une vie plus "programmée". Mais je crois que la chose essentielle, c'est d'abord l'acceptation de soi.


S'imaginer dans le futur ?
Le vieillissement des cellules me terrifie. S'il s'agit de voyager dans le temps, c'est plutôt une chose bénéfique.


Envie de tout arrêter, de casser ce personnage public qui l'encombre dès qu'elle sort de scène ?
Oui. C'est une idée qui me traverse l'esprit. J'y pense régulièrement. Je sais que j'arrêterai beaucoup plus tôt que d'autres. J'espère avoir cette honnêteté de mettre un terme à ma carrière lorsque la lassitude deviendra trop importante, ou lorsque je m'essoufflerai.


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