Olivier Wicker : Sa
personnalité:
Mylène Farmer : Ce mystère, c'est ma nature
profonde.
C'est la raison pour laquelle je raréfie
volontairement mes apparitions publiques.
Sa
névrose?
J'ai le sentiment de m'être plus ouverte
au monde sur le dernier album (Anamorphosée,
ndlr). Mais
il est vrai que je ne suis capable que d'envisager mes
propres sentiments.
Comment se
décrit-elle?
L'ennui est un compagnon de longue date.
L'activité n'est pas
forcément mon mode de guérison. Je peux rester
prostrée chez moi ou bien, si l'envie
m'en prend, lire, ou dessiner, ou encore voyager.
Son
départ pour Los Angeles puis son retour à Paris:
Mis à part l'exotisme et l'anonymat,
vivre à Los Angeles ne solutionne rien. Paris est
aujourd'hui une ville dépressive,
plombée par une dépression ambiante. Elle
dégage des vibrations qui ne m'aident pas.
Un
départ pour la province ?
J'ai du mal à envisager une vie à la
campagne.
Le bouddhisme:
Il s'agit plus d'une philosophie de la vie. Celle
qui vous enseigne qu'il ne faut pas s'attacher de
façon négative aux gens ou aux choses. Le
bouddhisme est un pansement pour l'âme.
Ses doutes :
Je n'aime pas mon physique, mes doutes. L'amour des
autres ne change rien au problème. Quand vous exprimez un
mal-être, les personnes qui vous aiment finissent par vous
conforter dans ce mal-être.
Ses prestations sur
scène devant le public:
Un concert, est un moment choisi, unique. Un moment
d'inconscience qui n'appartient à
personne d'autre. Une foule anonyme peut être
oppressante, car ses réactions sont
incompréhensibles. Mais sur scène, je la
désire.
Les larmes parfois
sur scène:
Cela m'arrive quand un thème me touche
particulièrement. J'ai remarqué que
l'émotion me submerge plus spécialement
sur les morceaux lents.
Le trac:
Chez moi, cela ressemble à des angoisses, à des
nœuds. Quand ils sont trop serrés, j'ai
envie de tout arrêter.
Qu'a-t-elle
aujourd'hui à dire à ceux de ses fans qui la
considèrent comme une déesse vivante ?
J'espère qu'ils ont autre chose dans la
vie que leur passion pour moi. Pour cette raison, j'ai
toujours refusé l'idée d'un
fan-club. Je ne réponds pas au courrier, en ce sens que je
n'entretiens pas de correspondance. Je renvoie une
dédicace à ceux qui me le demandent.
Son refus de parler
de sa relation avec ses parents:
Pour les protéger et me protéger.
Son enfance:
J'ai effacé mes souvenirs parce que
ça ne m'intéresse pas. Je
préfère aujourd'hui à hier
et je refuse de penser au futur. (Je me voyais) plutôt
actrice ou chanteuse. Je n'admirais personne. Parfois, quand
je sortais du cinéma, je rêvais
d'être à la place d'une
actrice.
L'échec
commercial de Giorgino:
Quand je fais quelque chose, j'envisage toujours la
possibilité d'un échec. Même
si celui-là fut violent, je n'en souffre plus. (Je
ne comprends pas) les raisons de son échec. Depuis, je me
pose une question : est-ce que les gens ont envie de voir autre chose
de moi que ce qu'ils connaissent déjà ?
La
maternité ?
Cette envie d'avoir un enfant est assez récente.
Il me semble que cela est presque incontournable pour une femme ! Bien
sûr, avoir un enfant nécessite d'avoir
une vie plus "programmée". Mais je crois que la chose
essentielle, c'est d'abord l'acceptation
de soi.
S'imaginer dans le
futur ?
Le vieillissement des cellules me terrifie. S'il
s'agit de voyager dans le temps, c'est
plutôt une chose bénéfique.
Envie de tout
arrêter, de casser ce personnage public qui l'encombre
dès qu'elle sort de scène ?
Oui. C'est une idée qui me traverse
l'esprit. J'y pense
régulièrement. Je sais que
j'arrêterai beaucoup plus tôt que
d'autres. J'espère avoir cette
honnêteté de mettre un terme à ma
carrière lorsque la lassitude deviendra trop importante, ou
lorsque je m'essoufflerai.