Interviewde
Mylène Farmer et de Laurent Boutonnat
après le
tournage du clip Plus
Grandir parue dans un mensuel consacré au
cinéma. Laurent Boutonnat :
Pour moi le clip est un moyen pour raconter une histoire. La Ballade de la
féconductrice: Laurent
Boutonnat : Il est passé trois fois à la
commission de contrôle, ce qui n'arrive jamais. La
première fois, ils voulaient l'interdire
complètement, puis il est passé en commission
plénière où on a voulu le X-er.
Finalement, sa sortie a été restreinte
à une salle avec une interdiction aux moins de 18ans. J'en
avais 17. Le clip Plus Grandir après
l'écriture du script et le story-board: Laurent
Boutonnat : Je n'aime pas les story-board, je
préfère le découpage technique.
Celui-ci m'a servi à décrocher les capitaux chez
Polygram / Polydor. J'avais des facilités à
négocier car j'étais le producteur de
Mylène et que l'on venait de signer chez Polygram pour trois
albums. C'est une sorte de co-production, il y a une partie qu'on me
donne et une autre qu'on m'enlève de mes royalties.
Finalement, j'ai fait le clip pour 330 000 francs, ce qui est un petit
budget. Les fantasmes
présents dans le clip: Laurent
Boutonnat : Fantasmes principalement religieux (j'ai
été longuement en pension chez les
jésuites) et liés surtout au monde de l'enfance.
Tu sais, toutes ces petites choses qui, petits, te font peur. J'ai
tenté de les retranscrire dans mon clip comme cette
statuette phosphorescente de vierge qui s'anime ou les apparitions des
naines. En écoutant bien on s'aperçoit que le
texte parle de la mort, de l'enfance et de la perte de la
virginité. En même temps, on peut bien
sûr extrapoler et en parler en termes différents. La censure du clip
par des médias: Laurent
Boutonnat : "Bonsoir les clips" n'en a pas voulu
parce qu'ils le trouvaient trop morbide, ce qui est un comble vu son
créneau horaire. Refusé dans les juke-box
à clips. Une compagnie américaine, qui est en
train de monter un long métrage avec une
sélection des meilleurs clips de tous les pays, m'ont
renvoyé la cassette en disant qu'ils l'adoraient mais qu'il
ne fallait pas toucher à la religion. Le tournage du clip: Laurent
Boutonnat : On a dû tourner en studio car j'ai
utilisé le scope et qu'il faut
énormément de recul, le double par rapport au
format normal. Les studios Sets, où nous avons
filmé, sont principalement réservés
à la pub. Ils nous ont permis d'utiliser leur
matériel de déco : panneaux, cartons,
etc. Pour faire le plan de la poupée dans l'eau,
on s'est fait prêter une énorme bassine de 500kg
avec un gros hublot qui s'est mise à fuir pendant le
tournage. Tout ça pour trois secondes de projection. Le
directeur photo, Jean-Pierre Sauvaire: Laurent
Boutonnat : C'est un type très doué.
Comme il vient de la pub, il est habitué à tout
faire (noir et blanc, couleurs, effets spéciaux, scope).
Pour moi il est encore plus pro qu'un chef-op de cinéma. Le
résultat était tellement parfait qu'il n'a
presque pas fallu d'étalonnage. Un projet de long
métrage: Laurent
Boutonnat : Au départ, j'étais
avec un producteur qui travaillait beaucoup avec Parafrance. Il m'avait
proposé de monter un film de terreur"à la Corman"
pour un budget de 150 briques, tourné en deux semaines. Une
série z pour le circuit Parafrance qui à
l'époque sortait une floppée de films de ce style
dans tous les genres. Ça ne s'est pas fait. J'ai alors
écrit un script en quinze jours, un conte pour grandes
personnes que je suis en train de remanier. Sa rencontre avec
Laurent Boutonnat: Mylène
Farmer : J'ai rencontré Laurent au temps
où il était associé avec un autre
producteur. Ils ont écrit ensemble Maman a tort. Ils
ont procédé à un casting et j'ai
été choisie. Jusque-là j'avais suivi
des cours de théâtre et j'avais
été mannequin. Son travail sur ce
clip: Mylène
Farmer : J'ai fait le story-board et ai
confectionné la poupée que l'on voit dans le clip
et surtout je me suis intéressée de A
à Z à l'histoire.