Portrait- Interview
publié dans le "Vogue" français.
Le jour de l'interview sont réalisées des photos
par Peter Lindbergh (photographe choisi de Mylène) dont
certaines
illustreront l'article.
On retrouve également dans cet article de brefs
témoignages de Peter Lindbergh, Elton John et Salman Rushdie
sur Mylène.
Vogue : Son passé Mylène
Farmer : J'ai des trous de mémoire.
L'adolescence est une étape que j'ai
détestée et je n'ai aucun souvenir
d'enfance. J'ai rencontré des
personnes qui souffrent de la même chose sans être
pour autant des déséquilibrés.
Parfois, je suis tentée d'inventer pour avoir la
paix. Sa
personnalité Le
paradoxe, la dualité font partie de mes
journées. Il y a la personne extrêmement
introvertie, discrète, qui affectionne le silence et
l'absence. Puis il y a l'autre qui aime la
lumière et qui doit se battre pour cette lumière.
C'est un combat dans toute sa puissance. Laurent Boutonnat Laurent
est très important dans ma vie. Nous sommes tous
les deux amoureux du cinéma, sensibles à tout ce
qui constitue un bon film, du scénario à la
qualité des images. Dans le contexte de la chanson, pour la
réalisation de nos clips, nous pensons toujours en terme de
cinéma, d'émotion. Ses goûts
artistiques Qu'il
s'agisse de littérature ou de
peinture, je me dirige spontanément vers des
œuvres sombres. Cioran, Baudelaire, Julien Green, Edgar Poe,
Egon Schiele... J'y trouve un dialogue, une famille. L'écriture C'est
avec l'écriture que
j'ai ouvert les vannes à toutes mes
émotions, mes troubles. C'était vital.
Sur l'album précédent, j'ai
exprimé des choses plus douces, moins violentes, je pensais
être sur le chemin de la
sérénité. Avec Innamoramento, le
dernier, je réalise
étrangement que je bascule à nouveau vers
l'autre monde, d'autres angoisses... Tout se fait
et
se défait inexorablement. La scène L'intimité
est possible, quel que soit
l'environnement. Moi, l'intimité, je la
crée dans la surdimension. J'ai envie de
ça, j'ai besoin de ça, sans pour avoir
autant le sentiment que c'est là une
manière de me protéger. La scène est
un don de soi. Je me nourris de l'amour des autres, et
l'autre est immense. L'humour On ne
m'interroge jamais sur mes fous rires.
J'aime le comique de l'absurde, des choses
très bêtes, très enfantines
probablement. J'aime l'humour d'Albert
Dupontel, même si c'est un rire cruel, pas
très serein. J'aime le cynisme, surtout chez les
autres.