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Mylène Farmer - Interview - XXELLE - Musique Plus - 05 Octobre 1996






Longue interview de Mylène pour la télévision québecoise Musique Plus diffusée à deux reprises sur la chaîne (le 05 octobre 1996 puis en 1997 lors de la sortie du Live en CD).

L'entretien a été enregistré le 13 juin dans un restaurant situé à proximté du Trocadéro à Paris.
Mylène a alors débuté sa tournée Tour 1996 depuis quelques semaines.


Geneviève Borne : Bienvenue à cette émission spéciale qui met en vedette Mylène Farmer. Mylène Farmer est une méga star en France. Elle fascine les gens et, tout au long de sa carrière, elle s'est entourée de mystère, elle a accordé très peu d'entrevues et ça, c'est une facette d'elle que ses fans apprécient beaucoup. Et, malgré l'image très forte qu'elle projette dans ses vidéoclips, c'est une jeune femme très discrète et très timide que j'ai rencontrée à Paris. J'ai tenté de percer le mystère Mylène Farmer.


Geneviève Borne : Mylène, bonjour.
Mylène Farmer : Bonjour.


J'ai beaucoup aimé ton spectacle. Il y avait plusieurs éléments. Il y avait un groupe grunge, il y avait des images tirées directement de rave, il y avait des chorégraphies très dance. Ça faisait très années 90. On prend un peu de tout ce qu'on aime, on mélange tout ça et puis... Faut savoir bien le faire... Est-ce que ça a été un grand défi de marier tout ça ?
Non, du tout. Presque naturel. J'ai fait appel à une équipe créative quant aux images et, je leur ai demandé, pour ne parler que des images, de l'abstraction pour habiller toutes les chansons. Quant aux chorégraphies, j'en ai fait quelques-unes. J'ai fait appel également à un chorégraphe français, qui est également sur scène, qui est un des danseurs (Christophe Danchaud, ndlr), de travailler sur certaines chansons. Et puis, ma foi, tout le reste, c'est...


Alors, tous ces styles-là te plaisent ?
Si tant est que je voulais que ce soit un spectacle qui soit agréable pour les gens, étonnant, et assez complet.


On t'a vue sur scène arriver dans une araignée. Sur plusieurs des tee-shirts vendus au spectacle, il y avait une araignée. Tu as écrit une chanson aussi, Alice, qui parle d'une araignée. Qu'est-ce que ça représente l'araignée ?
(rire) Quand j'ai évoqué l'araignée, j'ai eu envie d'écrire sur cette petite Alice, je pensais à la face, au visage noir de l'artiste, ce que peut ressentir l'artiste, l'autodestruction de l'artiste ; donc cette envie de dire à cette araignée de s'effacer, de partir. Voilà. Maintenant, est-ce que tout le monde a compris ça ? Et, c'est pas très, très grave dans le fond. J'avais envie d'évoquer une araignée.


J'ai remarqué aussi que tu as changé beaucoup les arrangements de tes chansons : c'est plus rock.
Oui. Il y a plus de guitares, c'est plus ce qu'on appelle 'live', moins d'instruments synthétiques, oui.


C'est l'influence de la Californie ou tu commençais déjà avant à aimer le rock davantage ?
Je crois que j'ai toujours aimé les guitares. Maintenant, je pense qu'il faut parfois du temps pour y venir. Mon passage aux Etats-Unis a dû influencer, oui, j'imagine, inconsciemment en tout cas.


Tu as passé beaucoup de temps à Los Angeles ?
Près d'un an, oui.


Tu avais besoin de partir de Paris ? Pourquoi ?
Des moments, comme ça, dans sa vie où on veut s'échapper d'une normalité, de choses qui sont routinières. Donc, envie de partir, du voyage.


Tu as pu vivre l'anonymat à Los Angeles ?
Oui.


Ça t'a apporté beaucoup ?
Ça apporte toujours. On se restructure, oui, d'une certaine façon parce qu'il y a des passages, comme ça, dans sa vie d'artiste, où on a besoin, oui, d'être isolée, d'être loin de son métier, si je puis dire, de son identité, en tout cas, de chanteuse ou...


Est-ce que ta façon de voir ton métier a changé ?
Non. C'est toujours la même. Je ne me prends pas au sérieux, mais essaie de faire les choses très sérieusement. J'ai toujours la même distance d'avec ce que je fais, malgré tout.


Mais ta façon de voir la vie a changé par contre ?
Elle est plus sereine, peut-être, aujourd'hui. Un peu plus tendre.


Tu as dit que tu avais réussi finalement à apprivoiser la mort. Tu étais très hantée par la mort dans le passé ? A quel point ?
Au point de se lever tous les matins et d'envisager sa mort, ou la mort du voisin, ou de ses proches. Mais, j'avoue que c'est quelque chose, oui, qui me hante moins, qui m'intéresse toujours autant en revanche.


Tu crois maintenant qu'il y a une vie après la mort ?
Je ne suis pas aussi définitive. J'essaye de l'envisager en tout cas.


Et ça, ça rassure un peu ?
Ça aide en tout cas à vivre sa vie de... Enfin ces moments présents, oui.


Tu as rarement accordé des entrevues. A défaut de parler de toi, tu as fait beaucoup parler de toi. Est-ce que tu l'assumes ? Est-ce que tu l'as toujours assumé ?
Non, je n'aime pas parler de moi. J'ai du mal. J'ai du mal. Maintenant, je sais que c'est important aussi pour... Je crois que je me dois, à un moment donné, dans le fond, de parler de moi puisque les gens s'y intéressent un petit peu. Donc, j'essaye de me faire un peu violence et de faire un effort (sourire).


Tu préfèrerais être plus discrète ?
Je le suis, de toute façon. Mais, là encore, c'est plus par pudeur. J'ai l'impression de dire suffisamment au travers de mes textes.


Dans plusieurs de tes vidéoclips, tu te transportais dans une autre époque. Est-ce que tu as le sentiment que tu aurais aimé vivre à une autre époque ?
Non. Je crois que c'est simplement l'idée du costume et essayer justement d'apprivoiser d'autres époques. Maintenant, une nostalgie d'époques que je n'ai pas connues, non, en aucun cas.


Plusieurs de ces anciens clips-là étaient parfois choquants ou avaient une sexualité explicite, tout ça... Est-ce que, consciemment, tu voulais provoquer ou, c'était l'idée du réalisateur ?
Non. Parce qu'un texte est un texte, donc le texte c'est moi qui l'écris. Maintenant, c'est vrai que j'ai travaillé avec Laurent Boutonnat sur les clips et nous avons beaucoup parlé sur chaque clip, chaque histoire, ce qu'on avait envie d'exprimer. Quant à l'idée de choquer, non c'est quelque chose qui vient, dans le fond, après. C'est plus le spectateur qui va être ou non choqué. L'idée de provocation. J'aime l'idée du non conformisme, par exemple. Maintenant, provoquer pour provoquer n'a aucun intérêt.


Pour vous deux, pour Laurent et toi, une bonne occasion de mettre en valeur vos talents d'actrice et de réalisateur...
Ça, je peux parler pour lui en tout cas. C'est un excellent réalisateur. C'est quelqu'un qui aime l'image, qui a une jolie narration. J'aime son travail, en tout cas.


Le premier film que vous avez fait ensemble n'a peut-être pas eu l'accueil que vous espériez. Quelles leçons as-tu tiré de cette aventure-là, de Giorgino ?
De leçons, aucune parce que j'ai toujours envisagé ou l'échec de quelque chose, ou en tout cas son incompréhension. Donc, une leçon de vie, en aucun cas parce que je crois que j'espère avoir en moi une humilité quant à un travail fait et quant à un résultat envisagé. Maintenant, une déception, certainement, oui.


Est-ce que ça t'a pas enlevé l'envie de faire du cinéma quand même ?
Non. Parce que, là encore, il faut relativiser. Je sais que - essayer de parler d'autre chose que de mon film à moi - il y a tellement de films ou de livres qui sont des livres et des films formidables mais qui ne rencontrent pas leur public. Je pense qu'il y a des moments comme ça qui sont mal programmés.


Est-ce que tu crois au destin ? Est-ce que tu étais prédestinée à faire ce métier-là ?
Je crois à des choses. Est-ce qu'on peut parler de destin... Des choses qui vous sont apportées. Mais, après, c'est à vous de faire tout le travail, c'est à vous de construire ou de détruire. Donc est-ce que tout est écrit ? En aucun cas, non.


Est-ce que tu as trouvé que la façon de travailler des américains était très différente de celle des français au moment de faire l'album, au moment de tourner des clips aussi ?
Je crois qu'ils ont un professionnalisme qui est très étonnant, très performant. Ce sont des gens qui discutent beaucoup avant, qui peuvent discuter après, mais, pendant, ils sont là et sont là pour travailler et pour donner le maximum donc, ça, c'est peut-être une caractéristique qui est assez étonnante chez eux.


J'aimerais parler de tes plus récents vidéoclips. Donc, celui pour XXL, qui a été réalisé par Marcus Nispel, tu te retrouves en figure de proue devant une locomotive. Tu étais réellement sur une locomotive en mouvement ?
Attachée au train, oui.


Ça faisait peur ?
C'est impressionnant. Mais, surtout sur le dernier plan. C'est un plan très, très large et là, j'étais vraiment seule sur le train, avec des caméras qui étaient très éloignées, et le train prenait réellement de la vitesse. Là, c'est toujours très impressionnant (rires). Sinon, j'aime bien l'idée du challenge à chaque fois. Sinon, je m'ennuie.


Et pour L'Instant X, ça a été fait à New York ?
Ça a été fait, je crois, en studio à New York, oui. Et là, j'étais plongée dans un bain de mousse. Donc, c'était plus statique.


Tu t'es impliquée pour le concept de ces vidéoclips-là ?
Oh oui, toujours.


Toujours ?
Toujours, oui, oui. Je ne peux pas envisager ni de faire ce métier ni de me propulser quelque part sans en... non pas tirer les ficelles, parce que ce n'est pas une très jolie image, mais en tout cas être partie totalement prenante.


Et pour California ?
Là, j'ai eu envie de faire appel à ce réalisateur, Abel Ferrara. J'avais envie de jouer une prostituée et, ma foi, il a répondu oui. Donc, c'est une belle aventure pour moi.


Il y a un flash-back, puis on te voit, toi, avec les petits cheveux courts (sic) comme tu avais à l'époque aussi.
Oh, oui, oui. Non, ce pourrait être la version 90 de Libertine. Son évolution (rires).


Une autre chose qui m'intrigue, c'est que, dans les entrevues que j'ai lues, tu disais régulièrement que tu te trouvais pas nécessairement jolie, alors que tu es une très jolie fille (sourire de Mylène), que tu ne t'aimais pas beaucoup non plus, souvent. C'est tout un paradoxe. Ça doit être difficile d'être constamment sous les projecteurs quand on a ces sentiments-là ?
Oui. Mais, là encore, je ne vais pas combattre ce paradoxe. Il fait partie de moi. Il fait partie de... je crois, de la vie d'un artiste tout simplement. On a ses moments d'ombre, ses moments de lumière. Que de ne pas s'aimer ou totalement s'aimer et que d'avoir envie d'être sous ces dites lumières, je crois que c'est tout à fait envisageable.


Au tout début, au départ, tu voulais être comédienne, au départ. Alors, la chanson, c'était venu un peu par accident ? C'est devenu un amour plus important aujourd'hui ?
En tout cas, j'ai eu la chance que d'avoir et, Laurent Boutonnat pour le clip et, juste l'idée du clip, tout simplement, pour la promotion d'une chanson. Donc, dans le fond, ça a comblé un vide que j'aurais pu ressentir. Maintenant, un clip n'est pas un long métrage. J'en ai fait un et maintenant, c'est quelque chose que j'aime profondément faire, mais qui n'est plus de l'ordre de l'obsession.


Tu fais des dessins ?
Oui.


Ça fait longtemps ?
Non. J'ai découvert ça réellement sur l'enregistrement de l'album, quand j'étais à Los Angeles, dans des moments... des moments quoi d'ailleurs ? Je ne sais pas ! (rires) Où je devais m'ennuyer. J'ai commencé de prendre mon crayon et de dessiner.


Mais est-ce que tu savais que tu pouvais bien dessiner comme ça ?
Non... mais c'est encore très... (rires) Je n'ai pas un grand, grand talent pour ça. Mais, j'aime bien le faire.


Quand tu regardes l'ancienne image, la Mylène des clips d'avant, est-ce que tu te reconnais encore ? Est-ce que tu t'identifies encore à cette image-là ?
Oui. D'abord, je ne me regarde pas ! C'est plus simple ! (rires) Mais, bien sûr, ça a été une parcelle. Il y a des choses qui sont toujours là, qui sont en moi. Maintenant, j'ai changé. Et c'est normal, le temps nous change.


Dans les dernières années, tu as vécu beaucoup de changements. Tu as apprivoisé la mort, tu as changé un peu de style musical, de look, tu as vécu dans une autre ville. Donc, beaucoup, beaucoup de changements. Ce serait quoi le changement que tu aimerais faire encore ? Quelque chose chez toi que tu aimerais changer, ou quelque chose dans ta vie.
Je ne sais pas. Je laisse la vie m'apporter ce genre de choses. Je crois que je suis déjà assez gâtée.


Est-ce qu'on va avoir la chance de te revoir au Québec ?
Je suppose que je vais y aller, oui.


En spectacle ?
Si je peux amener le spectacle, et tout le spectacle, je viendrai. Maintenant, c'est une structure qui est très, très lourde. L'écran est géant. Donc l'idée... C'est pour ça, en province, j'ai fait peu de dates, parce que je voulais amener tout le spectacle que j'ai présenté à Paris. Donc, pour le Canada, si on me dit : "On peut emmener toute la structure, à nouveau tout le spectacle", là, je le ferai, avec plaisir.


A ton spectacle, samedi soir, tu regardais le visage des gens qui étaient devant toi et tu as dit : "J'ai les plus beaux visages devant moi". Moi, je ne peux pas imaginer qu'est-ce que c'est d'avoir des regards comme ça. Qu'est-ce que tu voyais ?
Des regards. Là encore, c'est des personnes qui vous écoutent et qui vous donnent au travers de leur sourire, de leur regard ou de leur émotion. Donc, c'est quelque chose... Ça, c'est des cadeaux qui sont très étonnants, très uniques en tout cas.


Tu es heureuse maintenant ?
J'aime ce que je fais. Au jour d'aujourd'hui, j'aime profondément ce que je fais. J'aime le spectacle que je fais, j'aime la rencontre avec le public. Donc, oui ! Au jour d'aujourd'hui, oui ! (sourire)


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