Nataly Aveillan a
créé la chorégraphie de Dégénération
pour les concerts du Tour
2009 (mais aussi avec Philippe Combes la
chorégraphie pour le clip Dégénération
en 2008)
IAO : Dégénération
est la seule
chanson du spectacle qui ne soit pas
chorégraphiée par Christophe Danchaud. Pourquoi
avoir fait appel à vous pour ce morceau ?
Nataly Aveillan : Je pense que Mylène voulait un tableau de
danse contemporaine. Sa démarche est totalement innovante :
demander pour un concert de cette envergure d'accompagner une chanson
avec une chorégaphie de danse contemporaine
relève du défi. La danse contemporaine est
habituellement un art plus confidentiel, plus intimiste. Ce pari a
vraiment été passionnant.
Mais pourquoi une seule
et unique chanson ?
Il a été envisagé un temps que j'en
fasse une seconde, mais cela ne s'est pas fait finalement.
Pour quelle chanson ?
Je ne peux rien vous dire.
Est-ce vous qui avez
proposé cette collaboration à Mylène
ou l'inverse ?
C'est Mylène qui m'a contactée.
Sans vous, il n'y aurait
pas eu de chorégraphie pour Dégénération
?
Je ne sais absolument pas.
Quand avez-vous appris
que vous alliez collaborer à ce spectacle ?
Nous avons eu un premier rendez-vous en novembre 2008. J'ai
travaillé dessus en janvier.
Vous a-t-on
donné des directives ?
J'ai eu toute liberté, avec la conscience de
créer pour un spectacle d'une toute autre dimension que les
pièces chorégraphiques dans lesquelles j'ai
l'habitude de danser. Les spectateurs ne sont également pas
dans la même démarche. Quand ils viennent dans un
théâtre, c'est pour voir un spectacle de danse.
Sur ces concerts, ils sont venus pour Mylène ; la danse en
est le soutien.
Saviez-vous ce que
Mylène voulait signifier avec ce tableau, notamment quant
à la présence d'un insecte géant ?
Je préfère que chaque personne dans le public se
fasse sa propre histoire...
Vous a-t-on
montré des éléments de
décor, la tenue de Mylène et les images d'Alain
Escalle afin que votre chorégaphie s'intègre au
mieux à l'ensemble, ou chacun a-t-il travaillé de
son côté ?
J'ai travaillé sans connaître
précisément la scénographie. Ce qui
peut paraître étonnant, mais une fois les
éléments regroupés, l'ensemble est
très cohérent.
Quelles sont les
différentes étapes de votre travail ?
Mylène intervient-elle ?
J'ai travaillé d'abord seule, puis avec Philippe Combes.
J'ai envoyé une captation à Mylène.
Nous nous sommes revues pour en parler, puis après quelques
modifications le projet a été validé.
Sur scène,
pendant Dégénération, Mylène stagne sur un
insecte géant, puis est soulvevée sur une
plateforme. Elle ne participe donc pas à votre
chorégraphie. Pourquoi cela ?
Mylène m'a dit dès le départ qu'elle
ne danserait pâs sur Dégénération.
De mon côté, j'ai créé une
chorégraphie très écrite,
très précise, plus de l'ordre du ballet. Il
aurait été extrêmement difficile de
danser et chanter en même temps.
Pourquoi ne pas avoir
reproduit sur scène la chorégraphie du clip ?
Il n'a jamais été question de reproduire le clip.
Celui-ci a un univers bien spécifique et la danse
s'intègre dedans au gré d'une histoire. La danse
a été travaillée en ce sens avec la
conscience que la réalisateur apporterait son propre rythme
avec le montage. Dans le spectacle vivant, on ne peut pas tout
reproduire. La chorégraphie pour la scène devait
s'adapter à un contexte précis.
Avez-vous eu peur de vous
frotter à cet exercice inédit pour vous ou peur
des réactions de votre milieu qui semble à mille
lieues de ce que propose Mylène dans ses spectacles ?
C'est la première fois que je travaille pour un concert, et
oui cela m'a fait un peu peur. Tout simplement de savoir si ce que
j'allais proposer conviendrait. Quant aux réactions
éventuelles, je n'y ai pas vraiment songé. Encore
une fois, nous sommes dans le spectacle vivant, et les cloisons entre
disciplines m'agacent.
Etiez-vous à
New York pour les répétitions des danseurs ?
Y-a-t-il eu des changements une fois que les danseurs ont
commencé à donner vie à vos pas ?
J'ai travaillé avec eux à Paris et à
Nice. Il y a eu très peu de changements au niveau de la
chorégraphie, juste des adaptations pour la
scène. Les danseurs ont été surpris,
puis ravis...
Pourquoi surpris ?
Ce sont des danseurs habitués aux chorégraphies
de comédies musicales ou de spectacles plutôt show
business. La danse contemporaine n'est pas aussi
développée aux Etats-Unis qu'en France. Ils en
sont néanmoins friands. Cela a été un
grand plaisir de travailler avec eux.
Comment s'est
organisé le travail entre vous, Mylène, les
danseurs et Christophe Danchaud qui supervisait l'ensemble des
chorégraphies ?
J'ai entièrement géré cette
chorégraphie. Mais Christophe, avec son
expérience, a été un soutien
précieux. Mylène a vu la chorégraphie
une fois que je l'ai apprise aux danseurs.
Quand avez-vous
découvert le spectacle et qu'en avez-vous pensé ?
J'aurais dû le voir à Nice à la suite
de la période de répétitions. Mais
j'ai quitté Nice en catastrophe, pour les raisons que vous
savez (Philippe Combes, son compagnon est
décédé brutalement, ndlr). J'ai
découvert le spectacle le 15 mai à Toulouse.
C'est du beau et du grand spectacle, qui vous plonge dans un univers
envoûtant du début à la fin.