Olivier Huguenard a
remixé pour Mylène Q.I en 2005 (avec
Parkerlab sous le nom Liquid Twins) puis au sein de Fat Phaze L'Amour n'est rien...
en 2006 et C'est dans
l'air en 2009.
C'est la
troisième
fois que vous remixez un titre
de
Mylène, après Q.I (avec
Liquid Twins) et L'Amour n'est
rien…
(avec Fat Phaze).
Vous n'avez pas été
sollicité pour les trois
premiers extraits de Point de
Suture ?
Non, mais je peux vous dire que notre collaboration avec
Mylène
est antérieure à 2005. Nous avions
été
contactés en 2003 pour la compilation RemixeS. On
avait travaillé sur L'Instant
X mais je
crois que la prod' n'a même pas
écouté
le remix car ça a été
bloqué par la
maison de disques qui avait mis One-T sur le coup, un artiste Polydor
à l'époque. Un peu
gênés, les gens
d'Universal nous ont alors dit qu'il restait un
titre sur
la liste proposée aux D.J.'s, il
s'agissait de Rêver.
On a fait un remix, mais il
n'est
finalement pas sorti.
Vous savez pourquoi ?
Non.
Vous avez tout de
même été
payés ?
Joker (rires).
Qui vous a
contacté pour C'est
dans
l'air ?
En fait, je suis allé voir Laurent Barbier, qui
s'occupe
de la promo clubs de Mylène Farmer; il m'a
présenté le prochain titre de Mylène
à
sortir en single et m'a demandé si ça
m'intéressait de proposer un remix.
C'était quand ?
Deux mois avant la sortie commerce. Ça devait être
en
février.
Lorsque vous
travaillez un remix, avez-vous, à
un
moment ou à un autre, un rapport direct avec
Mylène ?
Non, jamais. Je suis en contact avec Paul van Parys (ndl le bras
droit de Mylène dans sa société
Stuffed Monkey, NDLR),
Laurent Barbier et des gens de Polydor.
Est-ce que le fait
qu'elle ne soit jamais en contact direct
avec
les remixeurs de ses titres peut être pris comme une forme de
mépris de votre côté ?
Ah non, pas du tout ! C'est quelqu'un de
très
occupé, qui a beaucoup à faire pour sa
carrière.
Donc je comprends tout à fait qu'elle doive
déléguer. Mais je pense que c'est elle
qui valide
les remixes au final.
Quel support vous
remet-on pour que vous fassiez votre remix ?
C'est un CD qui sort directement du studio de mastering ou du
studio d'enregistrement.
Il contient chaque piste
enregistrée ?
Non. En ce qui nous concerne, c'est juste l'a
cappella. On
n'a pas besoin d'autre chose car on refait toute
une
production nous-mêmes. Il est très rare
qu'on
utilise un sample du morceau d'origine.
Le CD en question vous
est-il remis par un homme en
imperméable
noir et lunettes de soleil dans un lieu tenu secret au milieu de nulle
part ?
(rires) Non, on n'a pas eu droit à une
scène de "James Bond". C'est tout simplement
Laurent Barbier
qui m'a remis le CD dans son bureau.
Qu'est-il devenu ce CD ?
Vous n'imaginez même pas le nombre de mails et de
messages
qu'on reçoit pour nous poser cette question !
(rires)
Vous connaissiez la
chanson avant de la remixer ?
Non. Mais Laurent m'a donné l'album pour
que je
puisse écouter le morceau, ce qui est primordial avant de se
lancer dans un remix.
En tant que
professionnel, que pensez-vous du son Mylène
Farmer ?
Je trouve que c'est sacrément bien produit.
Notamment le dernier album que je trouve très riche.
Vous suivez sa
carrière ? Vous avez des disques
d'elle ?
Je la suis comme tout le monde. J'ai trente-six ans donc elle
a
toujours été là. En tant que D.J.,
j'ai
plusieurs de ses disques promo.
Quel morceau d'elle
auriez-vous aimé remixer ? L'Instant X est
celui qui me correspond
le mieux,
mais je l'ai déjà remixé.
J'aime son
côté désinvolte, trash et outrancier
dans cette
chanson. Sinon, peut-être Maman a tort.
J'ai
une version en anglais, faite par des français il y a cinq
ou
six ans, qui est absolument incroyable.
Faut-il aimer un artiste
pour le remixer ?
Il faut au minimum aimer le titre.
C'était le cas
ici ?
Ah oui ! C'est
dans l'air est
un très bon morceau.
Si ça n'avait
pas été le
cas, vous auriez
décliné l'offre, ou Mylène
Farmer, ça
ne se refuse pas ?
(silence) Très bonne question. (silence) Non,
ça ne se refuse pas (sourire).
C'est bien
payé ?
Joker (sourire).
Mieux payé que
pour le remix d'un autre artiste ?
C'est grosso modo la même chose.
C'est
dans l'air
n'était-il
pas
trop difficile à travailler, dans la mesure où il
présente différentes bases rythmiques ?
Non. Rêver
était bien plus
complexe pour moi.
Comment travaillez-vous ?
J'écoute le morceau. Je travaille
d'abord la
rythmique, ensuite la basse. Quand j'ai trouvé une
piste
de travail, je fais une 'preview' que j'envoie à mon
interlocuteur pour m'assurer que je suis dans la bonne
direction.
Si c'est bon, je continue et j'étoffe,
sinon je
cherche autre chose.
Et ici, en l'occurrence,
vous étiez
immédiatement sur la bonne voie ?
Oui, la première 'preview' a été la
bonne.
On ne vous a
demandé aucune retouche, à aucun
moment de la conception du remix ?
Non. Il a été accepté tel quel.
C'était
déjà le cas pour Q.I et L'Amour
n'est rien…
?
Oui. Je n'ai jamais eu à retoucher mes remixes de
Mylène Farmer. Je trouve qu'il y a chez
Mylène et
son équipe un vrai respect de l'artiste.
C'est soit
on prend tel quel, soit on ne prend pas, mais on ne demande pas de
modifications.
Saviez-vous
immédiatement dans quelle direction vous deviez
aller avec cette chanson ?
On voulait quelque chose d'assez orchestral. Et
créer un
univers un peu angoissant. On reçoit d'ailleurs
des mails
de gens qui nous disent que notre remix est flippant et qu'il
donne envie de se jeter par la fenêtre (rires).
Vous a-t-on
demandé des choses précises en termes
d'ambiance ou de contenu (format couplet-refrain ou format
dub) ?
Non. On nous donne carte blanche.
C'est prendre le risque
que tous les remixes se ressemblent,
non ?
Je ne pense pas. J'imagine que quand ils font appel
à
différents remixeurs, ils savent à quel 'univers'
ils s'adressent.
Ils ne donnent
même pas de directive quant à la
durée ?
Non, mais ils peuvent très bien demander une version edit ou
radio de votre remix pour en avoir une version plus courte.
En ce qui vous concerne,
on vous a commandé un remix, pas un
de plus ?
Oui, mais comme on est plusieurs producteurs et
ingé son
ici, au Studio Sismic, il m'arrive très souvent, de
proposer à d'autres de bosser aussi sur un remix
qu'on m'a commandé. Ça permet de
proposer des
univers musicaux variés à notre 'clien''.
Pour C'est dans
l'air, Basile
Fanon a fait un
remix plus 'french touch' (il s'agit du Wize
Remix, NDLR). Il s'avère que les deux ont plu
à
Mylène et à son staff donc on se retrouve tous
les deux
sur le maxi.
Vous avez
écouté les autres remixes du morceau,
ceux de Greg B ?
Oui. C'est bien produit, dans l'esprit de ce qui se
fait
maintenant. Je connais Greg, il est déjà venu
ici. Il est
cool.
Jouez-vous
Mylène en clubs ?
Oui, bien sûr. Je la joue à la Loco ou au Duplex
et les
réactions sont bonnes. Parfois, des gens viennent me voir
à la fin du 'set' pour me demander d'où
viennent ces
remixes qu'ils ne connaissent pas.
Parce que vous jouez des
inédits ?
Je joue mes remixes. C'est
dans
l'air, mais
aussi Rêver
et surtout L'Instant
X qui est mon préféré.
Ce n'est pas frustrant
pour vous que le public ne connaisse
pas ces deux-là ?
Un peu. Mais je pense que je vais demander l'autorisation de
les mettre sur notre site, en 'streaming' (écoutable, mais
pas téléchargeable, NDLR).
Vous recevez des
réactions de fans de Mylène
depuis la sortie du maxi ?
Oui. Ça va de la simple félicitation
très
cordiale à la longue tirade.
Que des
réactions positives ?
Oui.
Vous avez bien de la
chance car les fans de Mylène ne sont
pas
connus pour leur enthousiasme débordant. Ils sont
plutôt
du genre à se plaindre constamment de tout...
Je suppose que notre remix ne plait pas à tout le monde -
et tant mieux d'ailleurs. Mais ceux qui se sont
manifestés
auprès de nous avaient l'air contents de notre
travail
(sourire).