Contrairement
à de nombreux musiciens qui gravitent dans le
monde de la chanson, vous avez débuté votre
instrument
très tard...
Oui, j'ai commencé la guitare à 17 ans mais un
concours de circonstances a voulu que je rentre dans le bain des
studios très tôt. Cela semble miraculeux pour qui
m'entend en 2006, mais ça s'est vraiment
passé comme cela ! Comme beaucoup de jeunes, j'ai
constitué mon premier groupe avec des mais d'enfance, puis
rapidement, j'ai rencontré le chanteur Noël
Deschamps
et participé aux enregistrements de ses disques.
J'écoutais et je jouais beaucoup de rock car la pop et le
rock dominaient nettement. Par exemple, Noël Deschamps en 1964
était « classé » dans les
chanteurs rock. Il
existait aussi des chanteurs de variétés et des
artistes
de rythm'n'blues naissants.
Justement, dès
1968, on vous retrouve
côté blues
avec un album de T-Bone Walker, aux côtés de Manu
Dibango
et Bernard Estardy. Comment se retrouve-t-on sur un projet pareil
après seulement quelques années dans les
coulisses des
studios ?
Un producteur américain a débarqué en
France et il
traînait dans les boîtes pour repérer
des musiciens.
Je jouais avec Manu et notre groupe les Soul Brothers. On faisait du
pur RnB et il nous a proposé de travailler sur
quelques albums. Nous avons donc fait un disque avec un saxophoniste de
jazz qui venait de chez Duke Ellington, mais aussi avec des grands du
gospel.
Dans les
années 1970, vous êtes de presque toutes
les
aventures, de Claude François à Johnny Hallyday,
de
Jean-Jacques Goldman à Bill Deraime en passant par France
Gall
époque Paris-France
et Michel Berger
pour son Dream
In Stone.
Je me souviens particulièrement de Michel Sardou et Johnny
Hallyday. J'ai aussi participé à 80 % des
enregistrements de Sylvie Vartan. L'autre jour, j'ai fait
un peu de rangement à Suresnes et j'ai retrouvé
des
fiches de paye datant déjà de 1967 ! Au cours de
ces
années-là, il y a des gens qui ont beaucoup
compté, notamment Nino Ferrer et Claude François
en
tête. J'ai vraiment vécu avec Claude. Il ne se
passait pas une journée sans qu'il m'appelle ou
qu'on se retrouve à 2 heures du matin dans un resto pour
parler du métier. C'était un travailleur
acharné. C'est probablement lui que j'ai le plus
côtoyé et l'artiste dont je me suis senti le plus
proche.
Vos années
1970 sont profondément
marquées par
Claude François. On vous a entendu dire de Mylène
Farmer
qu'elle était la "Claude François au
féminin". Pensiez-vous à la
fidélité - et l'hystérie, souvent - de
son public
?
C'est une réaction que j'ai eue en quittant la
scène le soir de son premier concert live au Palais des
Sports
de Saint Etienne, en 1989. C'était son tout
premier
concert. La première fois qu'elle se présentait
au
public, et les gens se sont mis à chanter toutes les
chansons
par cœur. Elle aurait pu arrêter de chanter, nous
continuions sans aucun problème le spectacle. De plus, elle
avait préparé un show où elle
chantait, où
elle dansait au milieu d'une troupe et où elle changeait
de costume à chaque titre. Qui, sinon Claude
François,
avait fait ça auparavant ? Tout cela me le rappelait, il y
avait
une force inimaginable dans la salle et une grande poussée
d'énergie dans la fosse. On ne retrouve pas cette
sensation chez beaucoup d'artistes. Je suis allé voir
Mylène lors du Mylenium
Tour à Bercy et j'ai
retrouvé, même assis dans le public cette
sensation.
Vous êtes un
des rares musiciens de cette époque
à
être toujours dans l'entourage amical et professionnel de
Mylène...
Oui, et nous sommes sur la même longueur d'onde. Nous
avons la même conception du métier et la
même
façon d'aborder la musique. Je nous souhaite de continuer
encore longtemps. Très souvent, on m'appelle pour jouer
dans un disque, et c'est tout. Les relations
s'arrêtent là et je ne revois pas les artistes
pendant des années. Certains ne vous saluent plus. Ce
n'est pas le cas de Mylène et Laurent.
Votre première
rencontre avec Mylène et Laurent
date de
1984, pour l'enregistrement de Maman a tort. Où vous
êtes-vous
retrouvés ?
Nous étions dans la banlieue Nord, chez Jean-Claude
Dequéant à Aubervilliers, dans son studio le
"Matin Calme". Il était arrangeur et j'avais
participé à beaucoup de séances avec
lui, surtout
lorsqu'il travaillait pour Yves Simon. Lui-même avait sorti
un album en tant qu'artiste chez Polydor. Un jour, il m'a
appelé en me disant qu'il avait quelque chose à
faire et qu'il avait besoin de mon aide car il ne savait pas
comment conduire la chose en question... Je n'avais
quasiment aucune information mais je me suis pourtant rendu au studio.
C'est là que j'ai fait la connaissance de
Mylène et Laurent.
Quel souvenir gardez-vous
de ce premier enregistrement ?
Probablement une image de Mylène, car elle ne m'a pas dit
un mot. J'étais impressionné par cette absence de
paroles et je trouvais cela curieux dans un monde où on
avait
l'habitude de rencontrer des personnalités
'décalées' mais où les mots
sont tout de
même assez faciles. Elle avait un chant étrange
et,
l'espace d'un instant, je me suis dit que
c'était une fille d'exception.
Cela ressemblait-il
à un réel début de
carrière ou étaient-ils à la recherche
d'un
son ?
Ils étaient tous très impliqués mais
ce
n'était pas du grand professionnalisme. Je sentais
qu'ils étaient en train de se chercher une
identité. Ma femme avait fait des chœurs sur la
chanson Maman a
tort et nous comprenions ce
qui se
passait. Nous avions le sentiment d'être au début
de
quelque chose... Forcément, au départ, on
cherche. On
est donc sur la défensive. Rapidement, j'ai compris que ce
silence de Mylène n'était que de la
timidité
et au fil des disques, cette distance s'est totalement
effacée.
Après
l'échec du titre On est tous
des
imbéciles,
vous vous êtes
attelés à
la création du premier album. Comment se sont
déroulées les séances d'enregistrement
de
Cendres
de lune ?
Les maquettes avaient été
réalisées chez
Jean-Claude. Ils avaient enfin trouvé un son et Laurent
donnait
beaucoup plus de directions aux musiciens. Au fur et à
mesure
des albums, ses consignes se sont étoffées,
même si
nous n'étions pas nombreux. Souvent, j'étais
seul puisqu'il préparait tous les synthés et les
programmations. D'ailleurs, je pense que si Cendres de lune et
Ainsi soit je...
avaient été
préparés
de manière classique en faisant appel à un
arrangeur,
cela n'aurait pas été aussi réussi.
C'est le fait que Laurent fasse tout lui-même qui a
amené cette qualité et ces sonorités
très
typées qu'il a su garder ensuite. Dès les
premières notes d'un morceau, que ce soit Libertine ou plus
récemment Pardonne-moi,
on sait que c'est du Mylène Farmer.
Etait-il difficile
d'être guitariste pour servir
des
arrangements fondés sur les claviers et les programmations ?
Non, il n'y avait aucun problème. Laurent était
attiré par tout ce qui était funk et RnB.
Il n'y a jamais eu de frontières entre nous et notre
relation a toujours été saine.
L'univers musical assez
développé dans les deux
premiers albums était nouveau. Aviez-vous l'impression
d'assister à la naissance d'un
phénomène ?
Un musicien sent ce genre de choses. Quand il a joué un
titre,
il sait si une énergie est passée et si ce titre
peut
devenir quelque chose d'énorme en radio. Pour toutes les
séances que j'ai faites, chaque gros tube est
perçu
comme tel au moment de l'enregistrement. Pour beaucoup
d'artistes, mais ce n'est pas le cas de
Mylène, c'est souvent le dernier titre, celui
fait
au dernier moment, parfois à la va vite, mais quand chacun
va
chercher en lui ses dernières ressources, qui donnait le
meilleur de l'album. Quand tout le monde donne ce qu'il a
de meilleur sans réfléchir et sans
arrière-pensée, les résultats sont
souvent
excellents.
Les deux premiers albums
de Mylène sont sortis comme un
diptyque, le premier en avril 1986 et le second en mars 1988. La glace
s'est-elle rompue rapidement en studio ?
Absolument ! Après la première séance
pour Maman a
tort, nos relations se sont
étoffées et au moment de l'enregistrement du
premier album, c'était comme si l'on se connaissait
depuis trente ans. Thierry Rogen venait d'acquérir le
studio Méga à la Porte de la Muette. Il avait
acheté une console... Du reste, c'est Laurent qui
avait payé cette console. C'était le premier
album
que nous faisions dans ce studio flambant neuf.
A la fin des
années 1980, on vante les innovations de
l'équipe Farmer, mais on lui reproche également
sa
mégalomanie...
Non, je ne partageais pas cette analyse. Je ne voyais aucune
mégalomanie dans la démarche de Mylène
et Laurent.
Mylène est très, très intelligente.
Elle a tout de
suite compris ce qu'était le métier et le show
business, le degré de 'jeu'
à jouer, le
degré de don de soi, la nécessité
d'intégrité artistique et ses limites
personnelles.
Elle avait analysé le fonctionnement de la presse, de la
télévision et la radio. Elle savait où
placer la
barrière, tout en mettant la barre très haut
artistiquement. Elle me disait souvent qu'elle ne voulait pas
faire n'importe quoi. Elle craignait de se fourvoyer comme
beaucoup d'artistes le font quand ça commence à
marcher. Elle voyait beaucoup plus haut que le hit
éphémère et savait que si on la voyait
trop, elle
lasserait. Elle était faite pour durer.
En 1989, vous
êtes l'un des acteurs de son spectacle
pharaonique. Le premier concert de Mylène reste un
évènement important. Les nombreuses
répétitions ont-elles suffi pour combler le
gigantesque
défi que Mylène s'était
lancé ?
Le spectacle avait été
préparé de longue
date, autant musicalement que physiquement. Bruno Fontaine et Laurent
s'étaient attelés à la conception
musicale
du spectacle depuis des mois, Mylène faisait ses dix
kilomètres de jogging par jour, puis deux ou trois heures de
danse l'après-midi. Elle ne perdait pas une minute pour
s'entraîner. Elle voulait avoir la forme et tenir la
distance. Les musiciens avaient tous cette même attention.
Nous
avons eu beaucoup de répétitions car il fallait
que tout
soit parfait. Dès cette scène, Mylène
a
été perfectionniste, toujours en quête
d'absolu dans le travail. La plupart du temps, les artistes
n'ont pas les moyens de faire ça. Elle
s'était donnée les moyens de réaliser
son
rêve et de traduire ses idées. Elle et Laurent
ont,
d'entrée, beaucoup investi pour proposer un spectacle de
très haut niveau.
Bruno Fontaine
était en charge de la préparation
du
spectacle avec Laurent. L'aviez-vous croisé auparavant ?
C'est un musicien exceptionnel, qui a commencé le
métier à 13 ans. On s'était connu
très jeunes sur des enregistrements d'albums, tout comme
les autres musiciens, le batteur Yves Sanna ou le bassiste Christian
Padovan.
C'est amusant de voir que
des années après, vous
vous retrouvez sur des projets très variés comme
le
Stabat Mater de Bruno Coulais présenté au
festival de
Saint Denis où étaient réunis Bruno
Fontaine et
Jean-Philippe Audin notamment.
Je n'aime pas dire ce mot-là, mais nous sommes la
'crème' du métier, non pas
que nous sommes les meilleurs instrumentalistes de Paris, mais nous
avons l'habitude de travailler ensemble et savons être
efficaces. Nous nous retrouvons sur des projets de haut niveau en
termes de chansons, de bandes originales de films ou sur des morceaux
compliqués comme ce Stabat Mater. Nous n'avons eu que deux
après-midis de répétitions pour une
partition
comprenant un quart de musique contemporaine. Individuellement, ces
camarades sont des musiciens exceptionnels et des amis. Ce que vous
remarquez comme étant des collaborations suivies, nous le
ressentons simplement comme une amitié logique. Si j'ai un
projet très difficile où il me faut de
l'émotion au violoncelle, je vais appeler Jean-Philippe
Audin. Sans réfléchir.
Outre le décor
phénoménal, la masse
sonore du
spectacle de Mylène en 1989 était du jamais vu.
Ressort-on indemne d'un tel concert ?
Non, j'admirais beaucoup le travail de Laurent, qui était
toujours derrière le moindre technicien. En permanence.
Bruno
Fontaine avait préparé les programmations en
amont, mais
essentiellement sur les idées de Mylène et
Laurent. Il
fallait faire un spectacle avec des bandes sonores puisqu'il y
avait des cris d'enfants, des portes qui grinçaient, des
bruits de baleines et de loups. Une partie de l'ambiance du
spectacle était donc sur bandes. Jamais Mylène
n'a
chanté en play-back, mais le batteur avait un casque avec un
click, et nous jouions de cette façon sur de nombreux
titres. Il
fallait que tout soit synchro. Je n'ai pas le souvenir
d'avoir joué avec un tel système sonore
auparavant.
Pour ma part, c'était la première fois que je
voyais utilisé en concert un 24 pistes avec des
éléments préenregistrés.
Vous avez dû
ressentir un grand soulagement après
la première à
Saint Etienne ?
A la fin du concert, nous étions tous très
heureux, car
cela faisait trois semaines qu'on se préparait. Ce
soir-là, on avait atteint notre but commun. Le spectacle
était parfait. Nous n'avions eu aucun problème de
son, de musique, d'éclairage ni de chorégraphie.
Nous avons été invités à
manger par le
patron de Polydor, Marc Lumbroso, qui avait fait le
déplacement
pour l'évènement. Ensuite, nous avons
décidé de rentrer sur Paris. Du reste,
Mylène
était avec moi dans la voiture. Elle ne faisait pas souvent
le
voyage avec les musiciens mais je me souviens de cette
première
et d'une autre date durant la tournée où elle
était montée avec nous, car nous avions
à
disposition un Espace Renault.
La pression
était-elle retombée rapidement ?
Ce soir-là, nous avons compris que la suite des concerts ne
pouvait être que plus réussie encore. Avec le
recul, ce
retour dans la nuit, de Saint Etienne à Paris,
résume bien la relation que j'ai avec Mylène. Nos
n'avons quasiment pas parlé mais il s'était
installé dans le véhicule une sorte de
quiétude.
La pression s'était effectivement
relâchée
mais le véritable dialogue entre les musiciens et
l'artiste avait eu lieu quelques heures auparavant, sur
scène. Dès que le rideau tombe, le spectacle est
terminé et on passe à autre chose. On pense
déjà à ce qui vient le lendemain.
Au cours de cette
tournée, la famille s'agrandit peu
à peu. Dans les coulisses, un personnage est très
présent auprès de Mylène, Paul Van
Parys, qui
deviendra un des éléments clés du
staff Farmer
jusqu'à aujourd'hui. Qui est-il ?
Je le découvre en effet à cette
période mais je ne
savais pas vraiment ce qu'il faisait. Je pensais qu'il
était secrétaire mais je ne posais pas beaucoup
de
questions. De nom, je savais que son grand-père
était un
grand compositeur de musiques de films. J'avais compris
qu'il faisait partie de l'entourage proche de Mylène
et je l'avais croisé auprès de Bruno
Coulais.
Avec qui vous continuez
à travailler
énormément...
Oui, la musique de films est une de mes grosses occupations
actuellement. D'ailleurs, Mylène et Laurent
étaient
venus assister à l'avant-première du film Les
choristes. On vient d'achever la bande originale du
feuilleton
télévisé issu de l'Affaire Villemin
en six
épisodes. On travaille sur la musique de trois films
à
sortir et j'ai participé à celle de Brice de Nice
sur deux titres rock, au milieu de pop et de funk.
A la fin de la
tournée 1989, l'équipe avait
offert
à Mylène une guitare Stratocaster. Etait-ce une
de vos
idées ?
J'avais dû lancer cette idée que tout le monde a
adopté. On se demandait ce qu'on pouvait lui offrir et
l'idée de la guitare est venue naturellement. Elle avait
voulu à tout prix jouer un morceau, seule sur
scène,
à la guitare. On avait finalement abandonné
l'idée quelques jours avant la première, car il y
avait trop de choses à penser. En contrepartie, nous lui en
avons offert une.
Avez-vous
été surpris qu'un tournage soit
organisé en salle vide pour la vidéo du concert ?
C'était une première, ça nous a paru
cohérent par rapport au projet de film qu'avait Laurent.
Au final, nous étions presque étonnés
de la
qualité de la vidéo du live. Il y avait des
idées,
des partis pris esthétiques forts et ce n'était
pas
bêtement filmé comme à la
télé.
Au début des
années 1990, vous partez en
tournée
avec Michel Sardou. Mais auparavant, vous enregistrez
L'autre..., le troisième album
de
Mylène...
Ce sera le dernier album où j'ai été
guitariste de bout en bout.
L'autre...
est un opus
très littéraire,
inspiré de Cioran et de Bataille. On raconte que vous avez
conseillé à Mylène la lecture d'Helena
Petrovna Blavatsky ?
Ce n'est qu'un détail. Nous ne parlions pas beaucoup
de ça. On parlait de musique à travers
la musique
que nous faisions, mais on ne discutait pas beaucoup de nos influences
ou de ce qui se passait dans nos vies à
l'extérieur
du studio.
Les textes de
Mylène deviennent plus concis, plus directs
(Désenchantée, Je
t'aime
mélancolie...).
Avez-vous ressenti
L'autre...
comme un
album de transition ?
Oui, ils ont essayé d'entrevoir 'autrement'
le personnage de Mylène. Elle avait terminé ses
textes
bien avant qu'on ne finisse l'enregistrement des musiques.
En tout les cas, elle avait déjà la trame dans sa
tête. Je l'avais connue jeune fille, je la retrouvais femme
avec une confiance en soi plus affirmée et un propos plus
affûté. Il y avait aussi un changement physique
car elle
s'était coupée les cheveux.
Alain Chamfort est un ami
de Mylène; vous avez
été
son arrangeur sur son sixième album enregistré
à
Londres en 1983 ainsi que sur quatre titres du deuxième opus
de
Lio qui était alors sa compagne. De même, vous
avez
travaillé avec Khaled et Murat, les seuls duettistes de
Mylène dans les années 1990 ? Simples
coïncidences ?
Pour Chamfort et Khaled, oui. En revanche, je crois que le
contact que Jean-Louis Murat avait avec elle - puisqu'ils
s'écrivaient beaucoup à l'époque -
avait fait qu'il m'avait appelé pour jouer
sur un titre de son album Cheyenne
Autumn (L'ange
déchu, ndlr). Tout cela se faisait au
même
studio et au
même moment. Nous avions donc vraiment plus d'un point
commun ensemble.
Bruno Fontaine a
été contacté pour la
tournée 1996 de Mylène avant Yvan Cassar. S'il
était reparti pour un tour, l'auriez-vous suivi ?
Peut-être que si Bruno avait été
à la
direction musicale, je serais reparti. Mais il avait d'autres
projets tournés vers le classique, ainsi que les albums de
Ute
Lemper par exemple et il a choisi.
Sur quoi travaillez-vous
actuellement ?
Je viens de terminer un enregistrement avec 80 musiciens pour le
Mémorial Charles de Gaulle sous les Invalides. Ils vont
faire
une salle de spectacle assez particulière où le
public
sera comme suspendu dans l'espace et regardera sur cinq
écrans à la fois un film de trente minutes avec
des
images inédites de De Gaulle. Je continue
également
à produire des artistes africains. Il y a beaucoup de
problèmes au Cameroun, notamment. Les ministres
séquestrent l'argent des artistes depuis près de
dix ans et je lutte pour que les instances nationales (FMI,
ONU...) fassent respecter le droit. On avait monté
une
nouvelle société de droits d'auteur avec Manu
Dibango. Le ministre de la culture a envoyé un
émissaire.
Manu n'a pas marché dans ses combines. Au bout d'un
an, ils ont coupé les vivres à cette
société dont faisait partie Ekambi Brillant que
j'ai produit, qui en était vice-président. Le
ministre a fait de l'agitation pour retirer l'affaire
à Manu Dibango en faisant croire que c'était lui
qui détournait l'argent. C'est vraiment le monde
à l'envers !
Vous êtes aussi
le producteur de votre épouse,
Chantal Ayissi. Est-ce plus facile de travailler en famille ?
Il vaut mieux travailler avec d'autres. C'est toujours plus
compliqué avec la famille.
Votre dernière
collaboration avec Mylène date de
quelques
années, au moment de la sortie de la compilation Les
mots.
Oui, nous nous sommes retrouvés au studio Guillaume Tell
pour
mettre en boîte trois nouveaux titres pour la compil,
notamment C'est
une belle journée qui nous est
vite
apparue comme un tube.
Et si vieillir lui
était conté, comme elle aime
à le dire dans Innamoramento ?
La grande différence aujourd'hui, c'est
l'excellente maîtrise musicale de Mylène.
C'est normal. Son évolution a été dans
le
bon sens. Pour le premier album d'Alizée par exemple,
Mylène et Laurent dirigeaient ensemble à 50/50.
Vous avez
été guitariste sur les deux albums
d'Alizée. Pour un nouveau projet, on fait appel au noyau
dur. Considérez-vous cela comme un témoignage de
fidélité de la part du tandem Farmer / Boutonnat ?
Je ne l'analyse pas comme ça. Il y a un travail à
faire, il fallait bien le faire et aller très vite car le
premier extrait Moi…
Lolita avait eu
un
succès inespéré. Je ne sais pas si
c'est une
question de fidélité, il faudrait le leur
demander
à eux. A vous de jouer !