Studios IG - Interview (2006)
Quand le studio "Production IG" a-t-il été créé ?
En 1987, par Mitsuhisa Ishikawa (le I de IG) et Takayuki Goto (le G de IG), qui étaient alors respectivement chef de produit et réalisateur d'animations. À l'époque, le studio s'appelait IG Tatsunoko, il a changé de nom en 1990 pour devenir "Production IG". Parmi nos titres, nous comptons Patlabor The Movie (1989), Please Save My Earth (1990), Ghost In The Shell (1995), Blood The Last Vampire (2000), Jin-Roh (1999), les animations dans Kill Bill : Vol. 1 de Quentin Tarantino (2003), Innocence (2004). Plus récemment, nous avons réalisé la série télé Le chevalier d'Éon (2006), xxxHolic (2006), et le dernier film de Mamoru Oshii, The Amazing Lives of the Fast Food Grifters (2006).
Pouvez-vous nous présenter rapidement les réalisateurs du clip Peut-être toi, Naoko Kusumi, Kazuchika Kise et Shuichi Hirata ?
Naoko Kusumi est metteur en scène. Elle a longtemps travaillé pour le prestigieux studio Madhouse, comme assistante à la mise en scène sur des films aussi célèbres que Kamui no Ken de Rintaro (Dagger of Kamui, 1985) ou encore Yoju Toshi de Yoshiaki Kawajiri (Demon Beast City, La Cité interdite en français, 1987). Elle a retrouvé Rintaro en 2001 pour Metropolis et en 2004, elle a dirigé les séquences en trois dimensions dans Innocence de Mamoru Oshii.
Kazuchika Kise est dessinateur et responsable des animations. Après avoir travaillé chez Anime R, il a rejoint IG Tatsunoko au début de notre aventure. Sa filmographie inclut la série télé Blue Seed et les longs-métrages Patlabor The Movie, Patlabor 2 The Movie, Ghost in the Shell, Jin-Roh, Blood the Last Vampire, Innocence...
Shuichi Hirata est directeur artistique. Il a collaboré à un grand nombre de films de qualité, travaillant avec Mamoru Oshii sur Patlabor The Movie, Patlabor 2 The Movie ou encore Ghost in the Shell, pour lequel il s'est occupé du fond sonore. Il a été le directeur artistique de Rintaro pour Metropolis, tiré du manga de Osamu Tezuka. Il a également travaillé avec Isao Takahata pour Grave of the Fireflies (1988) et avec Rintaro pour X (1996). Pour Production IG, il a participé à Innocence et xxxHolic et en 2005 à A Midsummer Night's Dream.
Quand Mylène Farmer vous a-t-elle contactés pour la vidéo de Peut-être toi ? L'avez-vous rencontrée personnellement ?
Tout a commencé aux alentours d'avril dernier, quand les agents de Mylène ont pris contact avec Geneon Entertainment (USA) Inc. (Geneon est une société de production est de distribution spécialisée dans l'animation japonaise, ndlr). Malheureusement, il nous a été impossible de la rencontrer pour deux raisons : la distance considérable entre la France et le Japon et le peu de temps dont nous disposions pour réaliser le clip.
Aviez-vous déjà travaillé avec d'autres artistes ?
Notre studio a fait un clip pour la chanteuse russe Linda. Nous avons également réalisé des séquences pour le spectacle de Yuzu, un célèbre duo japonais.
Mylène Farmer a-t-elle participé à la conception du story-board ? Comment avez-vous imaginé l'histoire ?
Nous savions qu'elle admirait Ghost in the Shell, et qu'elle était fascinée par l'atmosphère sombre et la qualité esthétique du film. Mylène nous a adressé quelques indications de base. Ensuite, lorsque nous lui avons présenté le story-board, nous avons discuté de certains détails que nous avons fait évoluer en conséquence, mais sans modifications radicales. On nous a en effet laissé une très grande liberté créatrice. Il était clair, du côté de Mylène, qu'elle avait dès le départ tout à fait confiance en notre équipe.
Vous a-t-elle donné des instructions particulières ? A-t-elle fait part de désirs concernant la mise en scène, par exemple ?
Nous avons reçu des instructions détaillées pour le personnage animé en ce qui concernait sa coiffure, les couleurs et l'image d'ensemble. Pour la mise en scène, on nous a expressément demandé de créer un style cinématographique, comme dans un long-métrage.
À combien se montait votre budget ?
Ah ça... c'est un petit secret !
Avez-vous traduit les paroles avant de faire le clip ?
Nous avons reçu la traduction des paroles et l'élément d'espoir qu'elles contenaient a été crucial dans la création du story-board. Mais la musique et le rythme se sont également révélés une source d'inspiration capitale pour l'équipe.
Combien de temps a-t-il fallu pour réaliser le clip ?
Environ deux mois.
Comment le sujet et le décor ont-ils été choisis ? Êtes-vous partis d'une héroïne de manga particulière pour créer le personnage de Mylène Farmer ?
L'image a été décidée par Mylène et nous avons travaillé à sa mise au point. Il n'y avait pas de modèle spécial, que ce soit de manga ou d'anime (l'anime est le terme employé pour désigner le dessin animé, par opposition à "manga", réservé à la bande dessinée, ndlr).
Avez-vous utilisé des photos ou des vidéos de la chanteuse ?
Nous avons pris comme point de départ des vidéos et des photos de plateau puis nous avons soumis notre projet à l'équipe de Mylène et procédé à quelques ajustements en suivant leurs instructions. Il est toujours délicat de reproduire des personnes réelles dans une animation.
L'absence de dialogues a-t-elle été une difficulté supplémentaire ?
Non, car d'un point de vue pratique, cela veut dire pour le réalisateur qu'il n'a pas besoin de se préoccuper du mouvement des lèvres !
Au montage, vous a-t-il fallu couper des scènes que vous auriez aimé conserver ?
Non, nous en avons seulement raccourci quelques-unes.
Comment Mylène a-t-elle réagi à la version finale du clip ?
Elle a été... enchantée !
Interview par Océane Brunet
Traduction : Florence Cottin