Remixeur,
chanteur, producteur
Avril 2005
Fanzine MF&Vous
L'interview a
été réalisée
en 2005 alors que Syd faisait encore partie du groupe Y-Front. Y-Front
a remixé Libertine
en 2003 puis Fuck
them all en 2005.
Pourriez-vous vous
présenter en quelques mots pour que nos
lecteurs fassent plus ample connaissance avec vous ?
Nous sommes quatre dans le groupe : David, guitariste, Jack, clavier,
RV, tteur et Syd (moi), le chanteur. Nous avons
déjà
sorti deux albums, Patchwork
of a happier place
qui est
industriel, et Mellow
cosmos, qui est un mix
entre
l'énergie "rock"
amenée par les
guitares et la batterie et un son plus électro. Pour le
remix de
Mylène Farmer, nous avons principalement
travaillé
à deux, David et moi.
Vous avez
débuté en 1997 sur le label Boucherie
Productions en pratiquant une musique électro-indus, dans la
lignée de groupes comme les Young Gods. Comment se porte
actuellement ce courant en France et dans le monde en
général ? Qui en sont les têtes de file
?
En France, c'est une scène assez
réduite, il y a
assez peu de groupes dans ce style et les maisons de disques
françaises sont trop frileuses pour développer
des
artistes de ce genre. Je trouve ça dommage, car il y a un
vrai
public, c'est le même qui
s'intéresse à
Nine Inchs Nails, Marilyn Manson, ou des choses plus électro
comme Fisherspooner, le label DFA... et même
certains DJs.
Est-ce que l'explosion de
groupes électro tels
Daft Punk
ou Air, en 1999/2000, vous ont aidé à faire
passer une
musique qui n'était pas comprise au
début des
années 90 (je pense notamment à Boucherie, qui
donnait
à l'époque plus sa place à
des groupes punk
alternatifs ou musette) ?
Non je ne pense pas, on n'a pas grand-chose à voir
avec
ces deux groupes, mis à part l'utilisation des
machines.
On vous retrouve en 2003
sur le RemixeS
de
Mylène Farmer, pour le mix de Libertine. Comment
vous êtes-vous retrouvés sur le projet ?
C'était l'idée de sa maison
de disque (Polydor) pour qui nous avions déjà
travaillé
auparavant. On nous a proposé de faire ce remix en sachant
que
ce n'était pas du tout sûr
qu'il soit
accepté car j'imagine qu'elle (Mylène
Farmer) n'avait jamais entendu parler de nous.
Mylène Farmer
est-elle quelqu'un que vous
écoutiez
quand vous étiez adolescents ? Comment vous est venue
l'idée de faire ce Libertine
très "eighties" et surtout très
déjanté ?
On écoutait plutôt de la musique anglo-saxonne
indé
et rock, mais on connaissait pratiquement tous les singles de
Mylène par la radio, la
télé... Libertine nous semblait
être un bon choix car
c'est
un des plus vieux titres, ce qui nous a permis de faire une
réactualisation assez facilement tout en gardant son format
"single", une sorte de version "80's
électroclash" avec des guitares.
Comment s'est
concrètement passé le
travail de mix
? Combien de temps avez-vous eu ? Votre travail était-il
soumis
à quelqu'un pour validation ?
On a eu les voix seules puis on a refait tout l'instrumental,
on
avait envie que les sons soient plus organiques avec une basse disco et
granuleuse en fil conducteur. David a fait des guitares dans les
refrains qu'on a complètement
découpés et
remontés, ce qui nous a permis de rendre le titre un peu
plus
décalé.
Appréciez-vous
les DJs à
côté desquels vous
apparaissez sur cette compile (Oakenfold, One-T, Romain Tranchart...) ?
Quels sont vos morceaux
préférés dessus ?
J'aime beaucoup le dernier album de Felix da Housecat et son
remix sur cet album, mais ce sont les remixes de One-T et le
nôtre que je préfère !
Des gens autour de vous
ont-ils été surpris de
cette "association" plus commerciale que ce que vous
aviez
l'habitude de faire ?
Non au contraire, notre entourage a plutôt trouvé
que
c'était une bonne idée. Même
si la musique de
Mylène est populaire, je n'ai pas
l'impression que
son image soit commerciale.
Avez-vous
rencontré Mylène ou bien eu un feedback
de ce qu'elle pensait du titre Libertine ?
On ne l'a jamais rencontrée, mais je sais par sa
maison de disques qu'elle a aimé notre remix.
Aujourd'hui, vous
remixez Fuck
them all. Vous
avez donc été contactés suite
à votre
travail sur Libertine
?
Oui, en fait, elle avait vraiment aimé le style
qu'on
avait fait sur Libertine.
Donc ils nous ont
demandé de refaire un remix. Le remix a
été fait
début février, je crois. Stuffed Monkey a
contacté
Polydor pour nous faire travailler. On a reçu les fichiers
de Fuck them all,
les voix, et puis le titre. On
devait
rendre le remix le mois suivant, et on l'a fait en 6-7
jours, ce qui est relativement long, puisqu'on refait toute
l'instrumentation. On l'a envoyé chez
Polydor, ils
ont adoré, puis ils l'ont envoyé
à Stuffed
Monkey, et elle a adoré. Donc tant mieux !
Qu'est-ce que vous en
avez pensé à la
première écoute ?
Ce que j'ai pensé à la
première
écoute ? Que c'était du
Mylène Farmer ! Mais
si on ne l'avait pas senti, on ne l'aurait pas fait.
Vous auriez pu refuser ?
Bien sûr. En écoutant les refrains, on
s'est dit
qu'il y avait pas mal de choses à faire. Ce qui
nous a
marqués, c'est surtout le chœur des
refrains.
Quand on
écoute ces chœurs pour la
première fois,
on a l'impression qu'il s'agit
d'enfants. En
fait, c'est la voix de Mylène
démultipliée.
C'est ça, oui. On peut doubler, tripler,
quadrupler la voix, à l'infini, selon le nombre de
pistes.
Avez-vous reçu
des consignes particulières pour
ce mix ?
Non, pas vraiment. Il fallait vraiment qu'on se
lâche,
qu'on fasse ce qu'on avait l'habitude de
faire... Que ce soit club, mais pas club dans le sens
péjoratif du terme, c'est-à-dire club "house",
mais plutôt électroclash. Comme la
maison de
disques connaît le travail qu'on fait, ils ne
pouvaient pas
vraiment nous demander de faire de la dance. Je pense qu'ils
essaient de toucher peut-être un public un peu plus "pointu",
un peu plus "rock'n'roll",
pour des soirées plus électroclash.
J'imagine que
c'est ce que la maison de disques recherchait en nous
demandant
de faire ces remixes.
Le single Fuck them all démarre
un
peu mollement
en radio. Trop étrange pour les radios "populaires",
peut-être trop "lisse"
pour les radios
spécialisées. Qu'est-ce que ça vous
inspire ?
C'est vrai que c'est étrange de sortir
un titre
comme ça pour un premier single, pour un come-back, puisque
ça faisait longtemps qu'on ne l'avait
pas vue. Mais
je ne sais pas quels sont les autres titres de l'album, je ne
l'ai pas encore écouté. Pourtant,
j'ai
l'impression que les singles précédents
avaient un
tempo plus classique, non ?
Vous pensez que les
remixes peuvent donner une nouvelle vie au titre,
dans un milieu un peu plus "électro" ?
Dans certains milieux spécialisés,
Mylène Farmer a
quand même une image populaire. Ce n'est pas
forcément facile de toucher un public un peu plus
rock'n roll.
Justement, dans le milieu
plus "underground" que
vous
fréquentez, comment Mylène est-elle
considérée ? Dans certains milieux, elle est
quand
même assez méprisée, non ?
Méprisée, je ne sais pas. Moi, j'ai
beaucoup de respect
pour le personnage, j'aime beaucoup tout l'univers
qu'il y a autour, les clips. Je ne connais pas beaucoup de
gens
qui critiquent le personnage. Mais la musique, c'est vrai que
c'est plus de la "pop
variété".
J'ai l'impression que concernant la musique,
c'est
plus Laurent Boutonnat qu'elle. C'est une affaire
de
famille, ou presque. Il est vrai que la musique, c'est
très variété, très
lissé, et que
ça pourrait parfois être plus radical.
Et si on vous proposait
de lui écrire une chanson ?
Whaoo, je ne sais pas ! Je le ferais à condition
qu'on
nous laisse une totale liberté, le choix des arrangements,
que
l'on ne retravaille pas le titre après pour le "lisser".
Quels sont vos projets
immédiats (album, compil, concert) ?
On est en train de faire un album en deux versions, une en
français et l'autre en anglais et on va reprendre
la
scène dans le courant de l'année.
Qu'est-ce qui tourne
actuellement sur vos platines ?
On écoute pas mal Peaches, Icd soundsystem, Interpol, le
dernier de The Cure et aussi Soulwax.
Vous avez
tourné, il y a quelques années
à New
York, avec le groupe de métal allemand Rammstein. Un
souvenir
précis ? Êtes-vous allé les voir
à Bercy en
février dernier ?
Je ne les ai pas vus, mais je les préférais au
début sur des petites scènes avec moins de
moyens. A New
York, leurs shows avaient un côté
"soirée SM" car c'était dans des petits clubs. Je
garde
surtout le souvenir qu'ils nos ont prêté
leur van
pour qu'on puisse amener nos instruments dans le club
où
on jouait ensemble. Sympa !