Manager de
Mylène
Farmer et producteur des spectacles dont Timeless 2013
30 novembre 2013
La Dépêche
Dans le show-business
depuis 30 ans, Thierry Suc organise notamment les
tournées de Calogero, Florence Foresti ou Louis Chedid.
Manager et producteur de Mylène Farmer, il connaît
parfaitement l'artiste.
Thierry Suc, 52 ans, n'a rien à voir avec la caricature du
producteur à gros cigare, bagues en or et langage
imagé. L'homme est posé, affable et souriant.
Chez lui, aucun signe extérieur de richesse ou de pouvoir.
Juste la volonté du travail bien fait, jusque dans le
moindre détail, et l'envie de désacraliser un peu
sa plus grosse cliente, la mystérieuse Mylène
Farmer.
Vous souvenez-vous de
votre première rencontre avec
Mylène Farmer ?
C'était à Paris, en 1988, dans un restaurant.
J'ai tout de suite eu conscience que c'était une artiste
hors du commun. Dès l'année suivante,
j'organisais une semaine de concerts au Palais des sports, à
Paris. Chaque soir, la salle de 5 000 places était
bourrée. Le phénomène était
déjà là et il n'a cessé de
s'amplifier depuis.
Pourquoi une telle
fidélité depuis si longtemps ?
J'aime travailler avec Mylène parce que c'est une artiste
complète. Elle s'intéresse à tous les
aspects d'un spectacle : la technique, les costumes, les images,
l'affiche… et la musique bien sûr. Elle
connaît tout, sur le bout des doigts, pour tous les corps de
métiers. Monter sur scène est un aboutissement.
Mais avant cela, il y a eu 18 mois de réunions, de
préparation. Pour Mylène, c'est sa
façon, sa raison de vivre.
Comment expliquez-vous
l'aura dont jouit Mylène Farmer ?
On ne peut pas tout expliquer. Nous avons une chance inouïe,
incroyable. Ce que je constate, c'est que quand Mylène
arrêtera, aucune autre artiste ne pourra la remplacer de
cette manière. Elle est extraordinaire. Et l'attachement du
public est du même ordre, tellement fort. Qui est capable de
vendre 155 000 billets en une journée un an avant sa
tournée ?
Quelle relation
entretenez-vous avec l'artiste au quotidien. Est-ce facile de
travailler avec une diva ?
Je suis producteur de tous ses spectacles depuis 1989 et je n'en ai pas
manqué un seul. Le fait d'être le manager de
Mylène Farmer évite les conflits avec elle. Je
suis là pour mettre dans un écrin tous ses
désirs. Nous travaillons toujours en collaboration. De toute
façon, Mylène ne se met pas sur un
piédestal. Elle est très proche des
créateurs, de toutes les équipes. L'ambiance est
très joyeuse. Un spectacle, c'est une famille de 130
personnes qui se crée. Nous sommes un peu tristes
d'être si près de la fin de la tournée.
Le 6 décembre à Nice, nous nous
séparerons après 5 mois passés
ensemble.
Aucune prolongation de la
tournée n'est prévue ?
Non. Celle-ci a été fabuleuse. Nous avons
constaté à nouveau une ferveur incroyable.
Particulièrement à Minsk, Moscou et
Saint-Pétersbourg fin octobre et début novembre.
Chaque soir, 20 000 spectateurs reprenaient les chansons en
phonétique.
La prochaine
tournée est-elle déjà
programmée ?
On ne sait pas encore s'il y en aura une. La décision de
remonter sur scène appartient à
Mylène. Aujourd'hui, rien n'est décidé.
«Elle ne fait jamais de caprice»
Lors des tournées, la vie de Mylène Farmer reste
dictée par le spectacle à donner le soir.
«Mylène arrive très tôt
à la salle, explique Thierry Suc. Elle participe aux
répétitions, se soumet aux maquilleuses, aux
coiffeuses. Sa vie est très rythmée et le travail
reste prépondérant. Le soir, elle rentre
à l'hôtel et dort. Le lendemain, après
le déjeuner, il est déjà temps de
retourner à la salle.» A l'hôtel ou dans
sa loge, Mylène Farmer ne réclame rien
d'extraordinaire. «Dans sa loge, elle aime simplement ses
objets à elle, ses fétiches et notamment beaucoup
de livres. Mylène ne boit pas, n'exige rien, ne fait pas de
caprice. C'est l'artiste la plus simple que je connaisse et je crois
que c'est la marque des grands. Les caractériels, ceux qui
sont arrogants avec les équipes ne m'intéressent
pas», conclut Thierry Suc.