Xavier Grosbois et Jean-Michel Laurent - Interview (2006)
INTERVIEW DE XAVIER GROSBOIS
& JEAN-MICHEL LAURENT
Créateurs du
décor du Tour 1996
2006
Livre Belle de
scène
Début du projet
C'est Thierry Suc qui nous avait contactés. A
l'époque on avait fait la tournée Rouge
pour Goldman que Mylène avait vue, une des
tournées qui
avait marqué les esprits au niveau du décor.
Beaucoup
d'artistes se sont montrés intéressés
et ont
cherché à savoir qui les avait
créés.
Thierry Suc connaissait bien Goldman pour avoir
été son
tourneur. La rencontre a eu lieu pendant l'été
1995.
Laurent Boutonnat nous avait alors parlé de
"minéralité". Il y avait une grande envie de
quelque
chose de grandiose, mais aussi d'épuré et de
simple, une
envie de transparence et de légèreté.
Minéralité renvoie à ça,
à un
côté un petit peu froid, vide, mais avec des
choses qui
apparaissent au fur et à mesure. Mylène est venue
ici,
à l'agence, avec Laurent, et on a discuté, fait
des
propositions. L'idée d'origine qu'on avait eue,
c'était
une très grande image qui puisse se déplacer sur
la
scène. C'est devenu le grand écran,
porté par un
énorme chariot qui se déplaçait.
Ensuite la
scène était complètement libre, il n'y
avait pas
de musiciens au début, ils apparaissaient progressivement.
Il y
avait des échafaudages à l'arrière de
la
scène et sur les côtés, un grand
plateau dansant
avec des tampons pour les apparitions, un tapis roulant au centre pour
faire arriver différents éléments
comme
Mylène elle-même, ou un fauteuil avec elle dessus.
Les
références, c'était Madonna. Un truc
super pro,
épuré, avec des gros effets. Il y avait aussi un
énorme plateau de danse. La scène
était
très large. De mémoire, elle ouvrait à
vingt-quatre mètre, ce qui est très profond. Il
n'y avait
pas de projecteurs sur la scène, ils étaient
posés
en périphérie, le plateau devait être
le plus libre
possible. Tout devait venir par les images, par les effets sur chaque
chanson.
La conception du
décor
La conception a nécessité trois à
quatre mois de
travail. Il fallait ensuite trouver les fournisseurs, mettre en place
la fabrication, faire une maquette, etc. Ce qui avait
coûté le plus cher, c'était la location
de
l'écran par une société belge et
surtout
l'habillage de l'écran par les images. Et surtout, il
fallait
que ce soit un écran plein jour. C'est le genre
d'écrans
qu'on utilise en Formule 1 par exemple, pour que même de
l'extérieur, en plein soleil, l'image soit visible. Alors
qu'habituellement, lors des spectacles, sitôt qu'un
projecteur
s'allume, tout ce qui est sur un écran traditionnel
disparaît. Ce qui est bien avec ce genre d'écrans
plein
jour, c'est que l'on parvient à faire des projections
énormes. C'était l'enfer pour le directeur photo.
En fait
le problème, c'est que ce sont des blocs assez lourds et
très complexes.
L'araignée
L'araignée devait être imposante mais aussi un
élément de sécurité. Elle
était
entièrement en bois, peinte pour donner une impression de
métal et le corps était en mousse avec un
stratifié dessus, comme les planches à voile.
Elle
disposait d'un crochet de dents métalliques avec toute une
structure qui permettait de la pendre. Les pattes étaient
amovibles. Le corps était stocké en hauteur
pendant toute
la première partie du spectacle. Puis il descendait,
toujours
caché le plus possible, Mylène montait dessus, on
accrochait les pattes, on remontait l'ensemble et après,
l'araignée redescendait pour la mise en scène de
la
chanson. Il n'y avait pas possibilité de la stocker dans son
ensemble, sinon tout le monde l'aurait aperçue...
L'accident du concert du
15 juin 1996 à la Halle Tony Garnier de Lyon
On n'a pas bien compris ce qui s'était passé.
Mais on a
envoyé immédiatement un bouquet de fleurs avec un
petit
mot à Mylène à l'hôpital.
Mylène
Elle était très participante. Elle dessinait
elle-même, apportait des idées. C'était
une
relation de travail très agréable. On se voyait
régulièrement, tous les quinze jours. Les
réunions
étaient très ouvertes, elles duraient longtemps
et
étaient très collégiales, avec aussi
Laurent
Boutonnat et Thierry Suc. Mylène est tout le contraire de
l'image qu'elle donne. Il y a un vrai travail construit entre ce
qu'elle est dans la vie de tous les jours et ce qu'elle montre. C'est
un peu comme la cape de Superman !