L'Humanité Dimanche
: Qui est Mylène Farmer ? Mylène
Farmer
: Si j'avais un portrait à faire de
moi-même, je
vous répondrais par ces mots de William Faulkner que je
trouve
très beaux : "Entre rien et la tristesse, je choisis la
tristesse." L'Humanité
Dimanche
: Sa rencontre avec Laurent Boutonnat : Mylène
Farmer : Laurent avait le souhait de sortir Maman a tort, mon
premier 45 tours. Sans doute devais-je correspondre au personnage de
ses fantasmes pour interpréter cette chanson. L'Humanité
Dimanche : Des thèmes de prédilectio, la mort,
l'après-mort, l'homosexualité : Mylène
Farmer : C'est vrai que c'est une atmosphère qui flotte dans
mes chansons. Sans
contrefaçon,
c'est un trouble de jeune adolescente peut-être quant
à sa
sexualité, en tout cas quant à son
identité. L'Humanité
Dimanche : Son côté unisexe : Mylène
Farmer :
J'ai toujours aimé les silhouettes androgynes, le corps des
femmes qui est tout droit, un peu comme un petit garçon.
Cela
dit, pour moi la femme idéale est une femme pulpeuse. C'est
contradictoire, mais si j'étais un homme je crois que
j'aimerais
le corps de Marilyn Monroe mais avec le visage de Greta Garbo.
Créer l'homme ou la femme idéale, quel formidable
pouvoir. L'Humanité
Dimanche : Sa première scène en mai au Palais des
Sports : Mylène
Farmer : J'ai énormément le trac, mais j'en ai
une grande envie. L'Humanité
Dimanche : Elle n'aime pas les lieux intimistes : Mylène
Farmer :
Je déteste les petites salles, qu'elles aient une
âme ou
non. La petitesse des endroits m'empêche d'y trouver du
plaisir.
J'ai besoin de grands espaces. L'Humanité
Dimanche : Sa prochaine première rencontre sur
scène avec son public : Mylène
Farmer :
Ce sera comme un viol permanent. Il ne faut pas prendre le viol au
premier degré. Il peut y avoir déplaisir et
plaisir.
C'est la fameuse "petite mort", expression freudienne reprise par
Baudelaire. C'est l'orgasme, ce moment d'apothéose, d'extase
puis d'anéantissement. Suprême bonheur.