Mylène Farmer - Nevermore - Interviews

"(La prochaine scène), je lui accorde une grande importance. Je veux que tout soit prêt. Ces rendez-vous avec le public sont précieux. Ils ponctuent ma vie. Les rêves sont parfois un peu agités quand j'y songe, mais l'émotion reste intacte. J'en rêve endormie et éveillée !" ("Gala" - 10 mars 2022)


À la question : "Votre prochaine tournée s'appelle Nevermore. Le titre doit-il être pris au pied de la lettre ? Ce peut être la toute dernière ?", Mylène répond :
"Comment répondre à une telle question ? Je vis le moment présent. Je refuse de me projeter, c'est une source d'angoisse terrible pour moi. Le présent reste mon refuge. J'ai si hâte de retrouver le public, même si je suis toujours très angoissée de n'être pas à la hauteur de leur attente." ("Le Journal du Dimanche" - 20 novembre 2022)


"Quand j'y pense? Je suis parfois en apnée. Souvent, même. Mais le souvenir de la magie de la scène, de la communion avec le public, me redonne du souffle et m'apaise. C'est quelque chose de sacré. Les mots ne l'expliquent pas."

"C'est une période très intense, bien sûr. Il t a la préparation physique, les réunions artistiques et techniques, la répétition des chorégraphies... Je suis concentrée, avec le souci du détail dans tous les domaines. Pour ne jamais oublier que l'on peut créer l'intimité dans l'immensité d'un stade."

"(La scène) demande de l'exigence, de la coordination, de la préparation. Pour que, le moment venu, tout s'harmonise et laisse place au plaisir, à la liberté. Au moment où nous nous parlons, je n'en suis qu'à la première étape."

" En général, la discipline n'est pas mon fort. Mais pendant cette période précédant la scène, je m'améliore. Des personnes m'aident et m'accompagnent dans chaque domaine. J'aime ce travail de conception, de partage. Au quotidien... C'est mon jardin secret ! M'allonger dans l'herbe, sous les arbres peut-être un de ces plaisirs sensuels. ("Gala" - 02 mars 2023)


Au sujet de l'annulation des deux concerts au Stade de France en 2023:
"Nous étions en train de quitter l'hôtel pour le Stade, quand la voiture suivant la mienne nous a fait signe de nous arrêter. La phrase tombe : "C'est fini, les concerts sont annulés." Je m'entends encore répondre, d'une voix à peine audible, le souffle coupé : "Non, non, on doit y aller." Vertige absolu. Nous sommes restés sur le trottoir, complètement abasourdis, pendant une vingtaine de minutes. Je ne pensais qu'au public déçu, désemparé. J'ai vécu un cauchemar éveillé. Cela reste un très mauvais souvenir, j'avoue. Heureusement, nous nous retrouvons bientôt." ("Gala" - 21 mars 2024)

Au sujet de l'écriture :
"L'écriture est pour moi une béquille. Elle m'aide à soigner mes plaies et à maintenir un équilibre fragile. Si vous faites plus particulièrement référence à mes shows, ils sont sans doute ma façon de célébrer la vie. Voir grand, toujours plus grand, pour défier la mort. Et emmener le public loin, très loin, de ce monde..." ("Gala" - 21 mars 2024)


"J'ai toujours une appréhension à monter sur scène. Je crois que ce sentiment ne me quittera jamais. Ce sont les deux concerts au Stade de France qui ont été reportés l'année dernière lors des émeutes. La préparation est un peu particulière puisqu'elle consiste essentiellement à retrouver les équipes de la tournée des stades et à remettre la gigantesque machine en route." ("Diverto" - 03 mai 2024)


L'annulation des concerts au Stade de France en 2023 :
"J'ai appris l'annulation seulement quelques heures avant le premier, alors que j'étais sur la route pour me rendre au Stade de France. Thierry Suc, mon manager qui est aussi le producteur du spectacle, a reçu un simple appel sur son portable. Il a arrêté sa voiture qui était juste devant moi. Nous nous sommes garés quelques instants et il m'a annoncé l'annulation des deux concerts. C'était un moment d'une immense tristesse. Je pensais évidemment à toutes ces personnes qui avaient fait le déplacement -parfois de l'étranger- pour rien. C'était un véritable choc, suivi d'un vide abyssal. Même si j'avais saisi l'ampleur des violences urbaines qui émaillaient la France, je ne voyais pas le rapport direct avec mes concerts. Tout me semblait irréel." ("Paris Match" - 17 octobre 2025)

Comment se sent-elle après ses trois concerts au Stade de France ?
"Épuisée, heureuse, émue, bouleversée. Dans mon métier, il n'y a pas d'expérience plus intense sur le plan affectif que de partager ses émotions avec un public aussi immense. Immense en nombre, bien sûr, mais également dans son cœur et sa fidélité. Un peu triste aussi de devoir mettre un terme à ce show, Nevermore qui, j'espère, était une parenthèse hors du temps." ("Paris Match" - 17 octobre 2025)

Ce qui l'a le plus enthousiasmée ou désapointée durant les trois concerts au Stade de France :
"L'annulation des concerts au Stade de France a été un cauchemar. Je l'ai vécu comme une injustice. Mais nous avons pu reporter ces dates et ajouter un nouveau Stade de France. Le public m'a soutenue en attendant patiemment un an pour conjurer ce rendez-vous raté, et finalement, revenir plus nombreux. J'enfouirai ce triste souvenir pour ne garder qu'à l'esprit ces retrouvailles et le bonheur de revoir mes musiciens, danseurs, artistes et techniciens qui donnent tout ce qu'ils peuvent pour que le spectacle soit à la hauteur. Ce contretemps m'a également permis d'avoir la visite surprise de Seal qui venu interpréter Les mots pendant ces trois concerts pour ma plus grande joie." ("Paris Match" - 17 octobre 2025)

Une frayeur lors de ces concerts ?
"Au début du premier show, le vendredi, après quelques secondes d'intro, notre système intercom, qui sert à toutes les équipes pour communiquer entre elles et qui nous est indispensable s'est arrêté ! Alors que le spectacle avait démarré et que chaque équipe attendait les instructions pour lancer les éléments de la machinerie, plus personne ne pouvait se parler. Il leur a fallu improviser pour faire en sorte que tout semble se dérouler normalement et en sécurité. Avec des talkies-walkies, certains par le biais de signaux lumineux, ou même encore de signes de la main." ("Paris Match" - 17 octobre 2025)